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EMMILA GITANA
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1 septembre 2007

L'ANIMAL MUET...

Dans le crépuscule d'une belle journée, lorsque l'imagination s'empara de mon esprit, je passai près de la lisière de la ville et je m'attardai près des ruines d'une maison abandonnée dont il ne restait que quelques moëllons.

Au milieu de ceux-ci, j' aperçus un chien couché sur la poussière et les cendres.Sa peau était couverte de blessures et la maladie ravageait son faible corps. Regardant de temps à autre le soleil couchant, ses yeux tristes exprimaient l'humiliation, le désespoir et la misère.

Je m'avançai lentement vers lui en regrettant de ne pas connaître le langage animal de manière à pouvoir le consoler de ma sympathie. Mais mon approche ne fit que l'effrayer, et il tenta de se dresser sur ses pattes paralysées. Retombant, il tournait vers moi un regard où une colère impuissante se mêlait de supplication. Dans ce regard, le discours était plus clair que celui d'un homme et plus émouvant que des larmes de femme. Voici ce que je compris qu'il me disait :

« Homme, j'ai souffert de maladies causées par par ta brutalité et tes persécutions.

« J'ai fui ton pied qui me meurtrit et j'ai cherché refuge ici, car la poussière et les cendres sont plus douces que le coeur de l'homme et ces ruines moins mélancoliques que son âme. Va-t-en, intrus venu d'un monde d'injustice et d'abus de pouvoir.

« Je suis une misérable créature qui a fidèlement et loyalement servi le fils d'Adam. J'étais le fidèle compagnon de l'homme. Je le gardais nuit et jour. J'étais triste pendant son absence et je lui faisais des fêtes à son retour. J'étais satisfait des miettes qui tombaient de sa table, et content des os que ses dents avaient dépouillées. Mais lorsque je me fis vieux et devins malade, il me chassa de sa maison et me laissa aux mains des gosses impitoyables des rues.

« Oh, fils d'Adam, je vois une similitude entre moi et tes semblables lorsque l'âge les rend infirmes. Vois ces soldats qui ont combattu pour leur patrie quand ils étaient dans leur prime jeunesse, et qui plus tard cultivèrent son sol. Mais maintenant qu'est arrivé l'hiver de leur vie et qu'ils ne sont plus utiles, on les rejette.

« Je vois aussi une ressemblance entre mon sort et celui d'une femme qui, au jour de son adorable jeunesse, avait stimulé le coeur d'un jeune homme: qui ensuite, en tant que mère avait voué sa vie à ses enfants. Mais maintenant, devenue vieille, on l'évite et on l'ignore. Que tu es oppresseur, fils d'Adam, et que tu es cruel ! »

Ainsi parla l'animal sans voix que mon coeur avait compris.

KHALIL GIBRAN

chien_03

APPÂT POUR REQUINS SUR L'ÏLE DE LA REUNION....!!!!

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