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EMMILA GITANA
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4 septembre 2007

LES VENTS DU PEUPLE ME PORTENT....

LES VENTS DU PEUPLE ME PORTENT…

Les vents du peuple me portent

les vents du peuple me traînent,

me déchirent le cœur

et me dessèchent la gorge

Face au châtiment,

les bœufs abaissent le front

impuissants et calmes

Les lions redressent la tête

et enfoncent de plus belle

leurs griffent pour châtier

Je n’appartiens pas à un peuple de bœufs

mais j’appartiens à un peuple qui encombre

                                         les repaires de lions,

les défilés des aigles

et les cordillères à taureaux,

l’orgueil aux cornes.

Jamais les bœufs n’ont fait souche

Dans les plaines d’Espagne.

Qui parle de mettre un joug

Au cou de cette race ?

Qui parle d’entraver l’ouragan ?

Qui retiendra le rayon

Prisonnier d’une cage ?

Asturiens de bravoure,

Basques de pierre dure,

Valenciens de joie

et Castillans de l’esprit,

ciselés comme la terre,aériens comme les ailes.

Andalous nés des éclairs

Entourés de guitares,

Forgés sur les enclumes

Torrentielles des larmes ;

Hommes d’Extremadure, comme le seigle,

Galiciens de pluie et de calme,

Catalans inébranlables.

Aragonais de race pure,

Murciens de dynamite

en fruit propagée

Léonais, Navarrais, maîtres de la faim,

de la sueur et de la hache,

rois de la mine

seigneurs du labourage,

hommes qui, parmi les racines

allez de la vie à la mort

comme racines vivaces,

hommes qui allez du néant au néant,

les hommes de la mauvaise herbe

                                 veulent vous passer le joug ;

vous leur briserez ces jougs

sur les reins…

Le crépuscule des bœufs

commence à luire à l’aube.

Les bœufs meurent vêtus

d’humilité dans l’odeur de l’étable ;

les aigles, les lions

et les taureaux, meurent drapés d’arrogance

et derrière eux le ciel

ne se trouble, ni ne défaille.

L’agonie des bœufs

a un visage étroit,

l’agonie des mâles

fait force à la nature.

Si je meurs, que je meurs

La tête haute.

Mort et vingt fois mort,

La bouche contre le chiendent,

J’aurais les dents serrées

Et le menton provocant.

Chantant, j’attends la mort ;

Il y a les rossignols qui chantent

Sur les fusils

Au milieu des batailles.

                                             MIGUEL HERNANDEZ

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