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EMMILA GITANA
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5 janvier 2008

KYRIE

Kyrié

Aux vents mes mots !
À mes lèvres le sel rude de la solitude infinie !
Au coeur de mes yeux,
La danse en couleurs froides du tapis de mes errances,
L’éblouissement douloureux du pur scintillement
Qui décompose en mille reflets le prisme chancelant de ma pensée.

Dans le roulis immuable de la chaloupe où j'agonise
Je m’émerveille encore de la perfection qui m'enserre où je ne suis rien.
Le bleu puissant des atmosphères échauffées
Aspirent la vapeur étale des flots offerts à sa tiédeur
Et des colonnes triomphantes, arches monumentales et diaphanes,
S’élancent à son encontre pour s’épancher en gerbes onctueuses
Dont mon corps desséché espère les caresses sur ses plaies.

Tropiques qui m'étreignent !
Munificentes architectures d’air tournoyant et d’eaux instables,
Venez en aide aux tempêtes, voraces jusqu’à la dérision !
Voyez la barque aux embardées secrètes des courants qui me portent !
Kyrié !
Voyez la dérive brisée de mon esprit qui meurt !

Je pleure la mort des miens,
La mort des étrangers aux regards lumineux et doux
Qui avaient sur le balancement si féminin de l’entrepont
La marche sûre et le pas fier des initiés.
Je pleure la splendeur des mâts chargés de voiles hautes et généreuses
Qui chantaient dans les alizés les hymnes douloureux du bois en peine.
Je pleure encore la mort du rêve qui fut,
L’ailleurs perdu dans les profondeurs ténébreuses où nul ne va.
Je pleure, Oh oui ! Et mes larmes, chargées du sel de mes souffrances,
Déchirent dans mes sanglots le silence meurtri à mes lèvres muettes.

Combien de jours faut-il pour que cesse l’espoir ?
Ma vie s’en va, miettes de sueur, giclées d’efforts dérisoires
Sur un banc où la nage ne mène plus nulle part.
Où sont les terres brunes coiffées de panaches verts ?
Où sont les îles et les volcans ruisselants de lumières ?
Visions éteintes dans l’éblouissement d’azur qui est mon bannissement !
Le monde est d’eau, un enfer fluide où je ne plonge qu’à demi,
Quand mes sens ne sont plus que douleur et que rage.

La pluie encore trop loin me cueillera mort
Et le canot noyé où mon corps restera sans âme
Ira sous les surfaces et je ne verrai plus.
Lisières irisées, frangées de blanc mousseux !
J’erre à vos portes dans la terreur d’en pénétrer le coeur
Mais quand le saut pour moi sera venu,
Ni frayeur ni regret n’auront de mots pour m’arrêter
Et la mer à moi seul sera un lit profond de connaissances.

Folie !
Solitude !
Trompeuses maîtresses entre Cancer et Capricorne,
Elles parent de haillons flétris le calme plat de ma désespérance.
À travers elles je vois ma destinée étroite
Aux confins étriqués des planches meurtries de sel qui me tourmentent.

Seul ! Seul ! Seul à penser, seul à gémir !
La folie brise mes dents et noue mes doigts !
Des désirs d’ouragans lacèrent mon souffle qui s’épuise dans l’immobilité.

Qu’une voile paraisse à l’horizon !
Kyrié eleison !
Paroles assoiffées, le sens en miettes essaimées aux points cardinaux de la déraison,
Je meurs des mots qui manquent à ma faim de vie.
Juste une voile, une étoffe parcheminée pendue à la grand’vergue par ses haubans !
(Les marins ont pour ces cueilleuses de vent des noms d’amour variés infiniment ;
Que n’ai-je appris ces mots en litanies secrètes !
Que n’ai-je su les réciter dans l’air absent,
Incantation si douce en leur humaine multitude ).

Secourez-moi avant que la misérable charpente qui roule mes meurtrissures
Ne soit rongée de sel et d’amertume !
Secourez-moi avant que des monstres plus effrayants que mes cauchemars
N’arrachent de mon existence les ultimes souffrances qui me font être !
Secourez-moi au coeur d’un infini que je ne reconnais pas
Avant que les fonds noirs et denses n’engloutissent jusqu’à ma désespérance !

Kyrié !
De blanches armadas se font et se défont sur l’horizon de mon attente
Et chaque instant plus éperdu, mon oeil vaincu quête
Une réalité derrière les obsessions fantomatiques de mon crâne en déroute.
À la nuit qui approche je jette une malédiction :
" Il est trop tard !"
Les paroles n’ont su vaincre l’indifférence en gammes d’indigo
Qui ourlent d’un invincible clapotis mes espoirs aux cimes en berne.

Les flammes aux ors déchirants de la vie qui renonce
Arrachent les derniers cris, les derniers râles de mon corps sans lointain.
Vienne le crépuscule et son cortège d’ombres aux formes de ma nuit !
Viennent les ténèbres aux constellations sans nom
Qui hypnotiseront jusqu’au seuil du trépas mon âme rendue !
Vienne la nuit ! Je la convoque encore du fond de mes rêves affaiblis !
Vienne ma mort, dans son appareil aux couleurs de nuit
Et mon dernier frisson est sa caresse dans les flots noirs d’encre.

LEILA  ZHOUR

SAHARA

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