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EMMILA GITANA
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25 février 2008

NOCES

Le poème de la terre

1.
au mois de mars, en l’an du soulèvement, la terre nous révéla ses secrets sanglants. Au mois de mars, cinq filles passèrent devant les violettes et le fusil. Elles s’arrêtèrent devant la porte d’une école et s’enflammèrent ainsi que les roses et le thym du terroir. Elles inaugurèrent le chant de la terre. Elles entrèrent dans l’étreinte ultime – Mars vient sur terre du ventre de la terre et de la danse des filles – Les violettes se penchèrent légèrement pour laisser passer la voix des filles. Les oiseaux tendirent leurs becs en direction du chant
et de mon cœur
je suis la terre
tu es la terre
Khadija !Ne ferme pas ta porte
ne rentre pas dans l’absence
nous les chasserons du pot de fleurs et de la corde à linge
nous les chasserons des pierres de ce chemin si long
nous les chasserons de l’air de la Galilée
Au mois de mars, cinq filles passèrent devant les violettes et le fusil. Elle s’écroulèrent devant la porte d’une école. Sur les doigts, la craie prit une couleur d’oiseau. Au mois de mars, la terre nous révéla ses secrets sanglants

je bouleverse les appellations
la terre devient : prolongements de mon âme
mes mains : qui des blessures
les cailloux : ailes
les oiseaux : amandes et figues
mes côtes deviennent arbres
j’arrache une banche du figuier de ma poitrine
et je la lance comme une pierre
sur le char des conquérants

(…)

je suis l’espoir facile et hospitalier, m’a dit la terre,
l’herbe ressemblait à un salut au moment de l’aube
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie derrière Khadija.
Ils ne m’ont pas semé pour me moissonner
l'air de la Galilée veut parler de moi, il s’assoupit chez Khadija. La gazelle de Galilée veut détruire aujourd’hui ma prison, elle surveille l’ombre de Khadija alors qu’elle se penche sur son feu
O Khadija ! J’ai vu, et j’ai cru en mes visions. Elle m’emporte vers son large et m’emporte dans sa passion. Je suis l’amant éternel – l’évident prisonnier. Les orangers adaptent ma verdure et deviennent l’obsession de Jaffa
Depuis que j’ai connu Khadija, je suis la terre
ils ne me connaissent pas pour pouvoir me tuer
les plantes de Galilée peuvent croître entre mes doigts et dessiner ce lieu écartelé entre mon ardeur et l’amour de Khadija
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie depuis mars
jusqu'à la disparition de l’air sur terre
Cette glèbe est ma glèbe
ces nuages sont mes nuages
et ceci est le front de Khadija
Je suis l’amant éternel – l’évident prisonnier
l’odeur de la terre me réveille au petit jour
mes chaînes de métal la réveillent tôt le soir
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie
Les partants vers la vie ne se préoccupent pas de leur âge
ils se préoccupent de la terre : s’est-elle levée
mon enfant la terre ?
t’ont-ils connue pour pouvoir t’égorger ?
t’ont-ils entravée, avec nos rêves pour que tu descendes rejoindre nos rêves en hiver ?
t’ont-ils connue pour pouvoir t’égorger ?
t’ont-ils entravée avec leurs fantasmes pour que tu te hisses jusqu’à nos rêves de printemps ?
Je suis la terre …
O vous qui êtes en quête du grain de blé dans son berceau
labourez mon corps
Vous qui allez à la montagne du feu
passez sur mon corps
Vous qui allez au rocher de Jérusalem
passez sur mon corps
O vous qui passez sur mon corps
vous ne passerez pas
je suis la terre dans un corps
vous ne passerez pas
je suis la terre qui s’éveille
vous ne passerez pas
je suis la terre. O passagers sur la terre qui s’éveille
vous ne passerez pas
vous ne passerez pas
vous ne passerez pas

(…)

.

MAHMOUD  DARWICH

.

figuiercrete

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