1,BIS,RUE ABOU NAWAS
"J’écris pour les mains calleuses
Qui jamais ne toucheront mes livres
Pour les analphabètes
Et ceux qui ne croiseront jamais
Qu’au large de mes mots
J’écris pour ceux qui ont soif
Qui ont faim du seul pain
Qui leur manque
L’Amour
J’écris parce qu’ils ne le savent pas
Et qu’ils se trompent pour de l’argent,
J’écris pour essuyer le crachat
Des racistes à leur visage
J’écris là pour leur rendre
Un jardin -
Celui qu’ils m’ont pris
Sans le savoir"
"j’ai vécu au bord d’une plage de bleu et de sables lents à s’étirer. Les promenades m’y étaient moins solitude que commu- nion, parfois, avec le monde, ouverture au chant subreptice des êtres. Les claque- ments de vagues me firent souvent élargir le cercle de mes pas ; j’allais, plus loin, jusqu’aux jardins intérieurs, où des airs de flûtes cascadent et font leur fraîcheur. Un jour, je dépassai un mur délité bordant un jardin immobile : il semblait veiller à contenir un parfum, une histoire. Revenant des rosées d’une autre musique, je m’arrêtai. Le mur se craquelait, des plaques de sable séché s’en étaient exco- riées. Cette retenue précaire de terre ocre attirait ma paume : je la posai sur l’om- breuse pierre ameublie. Je n’attendais rien, j’étais."
OLYMPIA ALBERTI
" 1 bis, rue Abou-Nawas"
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OEUVRE DE NORBERT PAGE