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EMMILA GITANA
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29 février 2008

RACHID DZIRI...Extrait

 

A l’ombre du désert chavire la mer
le grain nomade
un chant d’éternité
un souvenir de chair et de volupté
sous le signe de ta présence
de la nuit qui dévoile cette prestance
d’Ubiquité céleste

La mer bénite
et le chemin qu’on remonte
une épopée violente
car le soleil levant à chaque matin
se fait discrètement
rumeur quotidienne
vermeil comme le sang qui te pénètre

Arrogant d’un espace profond
têtue comme une lionne
à l’affût d’autres interstices
d’autres folies
ou extases à nous emporter
vers un silence géniteur

Puis au bord de ta fatigue
des strates autant que nos empreintes
enfoncées au cœur du sable rugissant
se propagent
sans limite autour de ta peau
comme pour dire l’écho saccagé de la terre

Toujours ces mots humectés
et le temps tricorne qu’on escalade
à deux,
sinon à plusieurs
comme un rêve davantage
qui jaillit de la surface des âges
des abysses de ton cœur épais

Dru le voyage
à chaque aisance
chevauchant l’ivresse prolifère
de la mousse généreuse du ressac
à nos pieds
pousse une joie au rythme de l’exubérance

J’accepte la nuit de toutes les couleurs
tes yeux que parent les rides
lorsque chaque goutte de pluie
est une promesse d’une histoire nouvelle
cette aurore qui glisse par moment
entre mes jambes
tes jambes,
dans l’entrelacs de nos souffles

La mort est douce
quand on s’achève à deux
sinon à plusieurs
mais le ciel s’élabore translucide
autour de moi
à m’ouvrir tes mains comme un long chemin

Le souvenir contient les beaux matins des
chuchotements
l’odeur du corail et le soleil
dans un cortège de feux incessants

Ton profil se fait aux creux du hasard
pour me parler de la démesure
de la mer qu’on fouette dans chaque rêve
sans trêve
la mort est un départ
n’ayant pu résister aux flots à rebours

Je m’incline davantage
sur la mer
le visage contre ma mémoire
et ton rire dans ma tête
déjà respire la houle
dense comme l’écume
à la surface de la terre

Le vent détruit le songe le plus profond
te harcèle à ne plus croire
aux crépitements des mots
j’ai longtemps adopté le chant
qui se déploie inapaisé
sur ton corps fécond

Amas des flammes invincibles
cette fabuleuse joie extrême
au bord des commissures
que les rires multiples étirent
comme l’aube le bout du monde

Rythme tenace sous un soleil orgueilleux
autre visage
autre rivage où se brise ton regard
déjà le temps plus grave que parole
et la mer une partition de vie

Hagard
le soir d’hiver où les mots s’enflamment
au feu doux de la nostalgie
je n’ai pas cru le silence des vagues équestres
le murmure des migrateurs une promesse
que pétrissent mes longues nuits
et l’attente des moments tortionnaires

Le désert domine ma peur
décavé au milieu du voyage
ô nuit
mon ultime refuge
j’ignore comment évoluer dans tes maux

Aux confins de l’oubli
se tresse une femme
qu’amorcent les premiers jalons d’un sommeil

J’y pénètre comme dans une transe
en face
ta mémoire abrite mille orages
arène démesurée

Rien que la pesanteur cette fois
que m’importe le soir
la mer laisse entendre son chant
chaque ressac une note sous tes doigts
ouverte à cribler ton absence

Je demeure pensif
hésitant entre le cri fauve du désert
et le simulacre de ton corps évasif

M’habite le délire doux de l’exil
au sommet de chaque goutte de pluie
se trame autour de moi
ton rire radieux
ta peau une secrète mélancolie
à l’envers dans la nuit

Les souvenirs adoptent des mots étanches
ta chair est menthe
une toile tissée
à la justesse de mes fantasmes
comme une marée
à mes pieds émoussant le désir de me vautrer
en toi
au creux du destin incalculable

Mon regard se rétrécit au gré de ton espace
à l’orée du silence
des matins en colère
sur ta peau la lumière est romance
il y a des heures qui nous labourent
il y a des jours où je meurs
dans le souvenir de mille départs

Nos tempes déclinées
est voûte dessus nos rêves
le désert me façonne
les parfums légitimes de ton rire
relèvent en moi une douceur intime

Je vois d’en bas ce long ciel oblique
timidement au creux de tes yeux
de l’océan qui m’habite
ta voix scintille l’encre en sentences
en images frayant le bleuâtre de ton pays
mon terroir
entrelacs de mouvances sublimes
dessus la voûte qui me porte inassouvi

Traces sillonnant l’espace blanc de l’écume
à parapher le sable sur la plume qui me chevauche
espérances des semences
ultime naufrage
dans les abysses de mes nuits fragiles

La mer est au bout de la mémoire
la mer est calvaire
pourtant s’y déploie mon âge
l’oscillation du soleil réfléchi
creuse le visage des voiles insulaires
puis crépite le ciel ses parcelles
dans l’interstice inouï que j’arpente
me harcèle cette douleur à chaque image
la mer est grand songe
qui se dévoile crûment dans l’inaudible partance
les grandes ailes dessus nos tempes
ensemencent nos instants dans la douleur des départs

Que ne me desserve plus
l’ultime odeur du désert
au milieu de la douceur de la peur
et ne me hante le grain nomade du sable en éveil
je dirai en folie
aux lisières infranchissables
que ne m’importe plus
l’aurore impériale du Grand Sud
comme une lueur rebelle au détour des échos
saccagée par le souvenir
comme une promesse que ne me fait guère le soir

 

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RACHID  DZIRI

 

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norbert_pag_

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OEUVRE DE NORBERT PAGE

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