A MOI LES OISEAUX
Qui donc
tenant l'acier et le pouvoir
Qui donc
jouant de la statistique et du canon
Qui donc
ayant puissance et pouvoir
Dans ses usines à brumes synthétiques
écoute encore
le poids des mots
écoute encore
les chants d'oiseaux ?
A moi,
peuples des nuages,
des cieux et des vertes chevelures
A moi
les moineaux
Les génies irradiants sont là
à nous bâtir la nuit
à faire tonner l'atome
à faire pousser nos tombes
Alertez les pinsons
gourmands de lendemains !
Car
Qui donc
cherchant le pouvoir
écoute encore
les chants d'oiseaux
écoute frémir le vent
écoute encore
le poids des mots ?
Alertez les mésanges
aimantes de crépuscules !
Car
Qui donc
voulant les richesses
écoute encore
les chants d'oiseaux
écoute frémir le vent
écoute encore
le poids des mots ?
Ils ne sont plus Hommes
mais trusts
Ils ne sont plus Hommes
mais multinationales
achètent les journaux
achètent les morales
sont prêts à notre équarrissage
De plumes et de fleurs
nous sommes au bout de leurs fusils
au bout de leur chimie
nos vies sont inopportunes à leur Economie
A moi,
les oiseaux !
Piaillez à enfoncer la nuit
gazouillez à débusquer les consciences
Dans leurs brumes synthétiques
chantez à réveiller l'Amour
Chantez à raviver le rêve.
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JEAN-MICHEL SANANES
(extrait de Cheval fou)
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Photo Marco