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EMMILA GITANA
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25 juillet 2008

PARC MARIN, MYTHE OU REALITES ???

D_mesure

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Le vent d’Ouest a soufflé pendant deux jours, balayant le ciel et toutes les impuretés de saison, redessinant les montagnes et leurs majestueux contours dans l’azur. Ce matin là, juste avant la renverse, la mer dévoile à la côte les pensées du large en de longues traînées d’écume,et semble l’étreindre d’un baiser infini aux parfums d’iode et de Posidonies.

La frêle embarcation oscille sur l’eau à la cadence mesurée de nos pagaies, répond tranquilement  à la scansion des vagues dans le silence complice de l’eau, de la brise de terre, philtres enivrants d’un monde où il convient sans cesse de se faire accepter, d'être à l 'écoute des choses élémentaires !

Mais au détour d’un pan de falaise, d’un abrupt de craie, surgit sur l’aplat vaincu de la mer,un immense Paquebot au mouillage, trônant devant le piédestal des millénaires, semblant défier de toute une ville flottante, la terre et ses verticales de calcaire.

La citadelle d'acier s'affiche dans le paysage comme une balafre, démesure des temps modernes, anachronisme tranchant, révoltant, gonflé de prétention à l 'encontre de la mer et de ses splendeurs dénudées, essentielles...

Insolite rencontre vue de notre Canoë,où l’ on se sent infiniment petit au ras de l’eau, devant ce monstre de métal qui bloque le vent de renverse à l’entrée des Bouches, du Détroit, dans le Parc Marin et les eaux Territoriales…

La mer est d’un bleu intense,nous choisissons de nous diriger sous le vent, là où la roche granitique primaire cède ses poussières d'or dans le béryl et les jaspes des vagues. Nous laissons un paysage d’Apocalypse pour l’Eden d’une excursion nautique dans le silence nacré et convenu des anses de la partie Ouest du Grand Parc Marin…

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L_anse_fra_che_aux_Joncs 

Vers 10h Locales, nous nous faufilons dans une crique, véritable petit refuge naturel et protégé de la houle résiduelle. Des massifs de joncs nous accueillent, généreux de fraîcheur et de verdure, abondants sur l’ocre des sables. La surface de l’eau frissonne à la brise bleue du petit matin ravivant inlassablement ses nuances sous le ciel lumineux de l’été.

Nous décidons d’attendre un peu, de nombreux signes interprétés nous annoncent l’accalmie du vent et une possible rotation  ; nous profitons de ces moments d’étale pour découvrir, observer, contempler, aimer tout ce qui en ces lieux inspire le Respect, suscite cette soif de connaissance et de partage…

Le petit Canoë glisse sur l’eau sans effort si près des rochers qu’il nous semble voler dans l’eau cristalline, voguer sur l’air émeraude loin du temps !

Soudain nous apercevons dans l’étrave de l'embarcation des tâches noires, des corps flottants emmenés lentement par la houle vers le rivage dentelé. Nous nous approchons, consternés pour sortir de l’eau quelques boules de pus échappées des navires qui croisent impunément dans le Détroit depuis des décennies…

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La_Pierre_est_purulente

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En quelques coups de Pagaie, nous accostons dans une anse où les bosquets et les rochers se partagent une plage de sable rose. La mer étincelle, il y fait très chaud , l’air est pesant, lourd et les Gadgets en tous genres se sont appropriés plus loin les flots apaisés de la Grande Bleue. "Les Cigares des Pharaons" lacèrent le glacis de l’onde et la houle en de grandes gerbes de Dollars et d’Euro brûlées sans compter, tout en déchirant les quiétudes océanes des mugissements de leurs Chevaux de vapeur, dragons de la nouvelle plaisance .

Au bout de quelques minutes, la mer intense et lumineuse du matin, encore pétillante et odoriférante des embruns du Mistral, devient poisseuse,presque huileuse…Une nappe nauséabonde, rampante, de gaz émulsionnés s’empare de l’atmosphère ; elle aura raison de notre bon pied marin…

Vers 12 h Locales, nous prospectons tous les deux ces lieux immenses de beautés, noyés de bleus, de toutes les teintes de la terre et de la roche travaillées.

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Carte_de_Deuils_

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Le triste spectacle qui s’offre à nous éveillera révolte et colère partagées. Partout entre les rochers s’accumulent les détritus, les rejets, les plastiques, les matériaux PVC de constructions, les bidons, des roues, et surtout d’importantes Galettes de Brut encore fraîches, çà et là, dissimulées, imprégnées aux roches colorées, parvenues la nuit ou au petit matin.

C'est vrai, la nuit et dans le courroux de la mer, il est plus aisé d'être lâche pour dégazer, vidanger des cuves à mazout et témoigner ainsi des travers de la nature humaine vendue aux Profits, aux prix de revient...!!!

Nous en rassemblons quelques échantillons, que voici, pour les photographier, en laissant des dizaines d’autres. Je préserve quelques photos de mon vieil appareil argentique pour les consacrer à un Panorama affligeant :

celui d’un Littoral Insulaire inaccessible, souillé, oublié, abandonné aux logiques de la surconsommation et des surcoûts d’exploitation.

Je fixe plus loin mon objectif vers un fatras d’immondices, sur fond de Bois Flottés et de Maquis.

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Le_Littoral__D_charge

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Oui, Messieurs les Décideurs, la Mer et la Terre vivent unies depuis l’Aube des Temps pour avoir ensemble enfanté la vie et Cinq Milliards d’années après, ni l’une ni l’autre n’ont trahi, n'ont enfreint l’imprescriptible loi de la Complétude, de l’Harmonie, de l’Osmose et des fusions indicibles …

Aujourd’hui, sans les Hommes et la Civilisation, la Mer ne rendrait à la Terre que ces vestiges faits de Bois, de sable et de poussières de vies révolues, poursuivant l’embellissement des choses naturelles, l'insatiable soif d'alchimies sacrées…. 

Méditez bien cela afin de changer de Stratégie et de donner, à celles et ceux qui se battent sur le terrain, de réels moyens et pas seulement des titres ampoulés, des faire – valoir dépossédés de réalités. Il y a tant de choses à faire, à projeter, à bâtir,à protéger!!!

Voyez ces Clichés, ils hurlent et clament l’abandon d’une Terre, livrée aux appétits gigantesques, d’une société à la dérive de ses abus, de ses certitudes. Que ces images interpellent celles et ceux qui en haut lieux ont à charge d’avancer, d’évoluer, de préserver, de budgétiser et de planifier la protection de ce qui à n’en point douter a et aura une inestimable valeur dans quelques années.

Ce qui est visible à la surface des Océans  n’est rien à côté de ce que la mer cache dans ses profondeurs, accumule depuis des années, supporte en silence depuis deux Siècles.

Cette aventure qui tourne au cauchemar se soldera par une attaque bien menée, justifiée, d’un essaim de guêpes qui squattent quelques tuyaux noirs surchauffés par des rayons de soleil hors du communs, hybrides… L’une d’elles me frappe au visage, je me réfugie dans l’eau de mer salvatrice qui apaise le feu du venin et le clou du dard. Cette mésaventure semble un moment consacrer le divorce de l’ homme et de la nature, me chagrine ! suis-je redevenu cet enfant innocent et candide qui ne comprend plus ce qu’il lui arrive ?

Je me sens maintenant étranger, refoulé d’un univers de pureté, affligé de trahisons et d’opprobres, je sens sur moi peser les fardeaux d'une culpabilité à partager, je m 'en veux infiniment, serais-je de ce Monde ?

Le vent retourne à l’est, il est temps de rentrer, nous ne comptons que sur nos bras pour nous hâler vers notre point de départ, plus au vent. Nous avons prêté serment de ne jamais décevoir la nature, la vie, les témoignages des différences et de la Diversité qui pullulaient et foisonnaient  jadis sur Terre….

A chaque Coup de vent, chaque Tempête, toutes les Renverses, apporteront pernicieusement et sans vergogne leurs lots de souillures humaines, de poisons, de corps étrangers que ni l’embrun, ni l’écume ne pourront vaincre, digérer, effacer.

La mer ramène toujours aux rivages ce que l’homme lui confie et ces retours, comme ceux des cieux, seront de plus en plus véhéments, aveugles et dévastateurs !

Aujourd'hui la mer vomit, l'air s'appauvrit, suffoque  ...

Les Logiques prospèrent !

Quand la Terre et ses espaces vitaux seront bientôt dépassés, exsangues, il sera peut-être trop tard pour s’en retourner vers la Mer.

......

Nous ne sommes pas seuls à penser que de telles Juridictions ou Instances internationales doivent et peuvent se donner les Moyens d'une véritable Politique de l 'Environnement à très long terme.N'oublions pas que nous évoluons dans la partie de la Planète sensée être la plus développée technologiquement, une des plus riches et des plus "cultivées"...

On ne fait pas de bénéfices avec les mentalités, l'Opinion et la Culture n 'a hélas jamais été lucrative aux niveaux des Etats-Nations et des grands regroupements Régionaux, des Trusts.

Pendant ce temps, les cartes postales se vendent bien, on profite de la mer et de ses plaisirs dans l 'insouciance généralisée de la population,  après une année surmenée à toutes allures. Les promesses et les discours s'envolent, caracolent au bout des tapis rouges déroulés,  foulés aux pieds par les nouveaux Technocrates aveugles ou complaisants depuis les Symposiums, les Conférences..

En coulisses, le bruissement des Dollars, des Euro est assourdissant tout autant que les silences complaisants à l'égard de la Nature.

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CRISTIAN-GEORGES CAMPAGNAC

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Empl_tre_de_Brut_

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