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EMMILA GITANA
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29 août 2008

LA HUCHE A PAIN...Extrait

Je fais retraite chez les oiseaux. Cela vaut bien les
monastères et leur mise en scène sacrée!

A midi, le soleil abat ses lanières d'or sur mes épaules. Ai-je
besoin d'une autre discipline pour expier tous les
péchés commis envers les quatre éléments ? Je cherche le rythme oublié.

J'apprends l'effort, le puits, la colline et le thym.
Le vent et les bêtes sauvages coulent devant ma porte. Le feu de bois exige un très long souffle humain.
...
Sorti du chant du coq et du petit froid vert de l'aube,
je progresse au travers de la chaleur, je marche
jusqu'au soir de la journée, encouragé par la présence
de l'arbre, par la rondeur des fruits, par la confiance
baveuse des troupeaux.
Je m'allonge sur la terre tiédie pour jouir du bleu
imaginaire, du bleu presque trop pur de la lumière. Au fond, ce n'est pas vrai !

Cette danse pétrie de mer, de miel et de feuillages, je l'invente au fond de mon oeil. La
haie folle de couleurs, la vague de ce bouquet d'arbres balancé, la langueur brune de ce coteau blasonné de
vignes, je les crée pour mon seul plaisir. Je suis ivre de mon oeil, collé de toute mon âme à cette lucarne
claire.
...
Tout s'apaise. La terre est ronde sous mes reins. La
rivière entre par le haut de ma tête et sort au bout de
mes talons. Elle me traverse. Je la sens charrier ses
longues herbes flottantes, ses troupes nageuses de
poissons blancs...
....

Je construis une femme nue.
Une femme inutile. Une femme dont mon corps n'a que
faire.
Une mésange qui riait dans la tête d'un chêne fait
refluer mon regard. La femme s'envole et je suis libre.
La mésange s'envole aussi. Je sais où les retrouver
toutes deux.
Le vent lave mon visage. Une fois les paupières
baissées, je suis plus aveugle qu'une taupe. Cette
flaque rose que je distingue vaguement devant ma
prunelle, c'est le reflet du jour au travers de mon sang.
...
A quoi cela sert-il que je sois vertical ? J'oublie mon
nom, je suis sans souvenirs. J'invente l'attitude
heureuse, je retrouve l'orientation des morts et des
amants. J'accepte d'adhérer au monde et de ne plus
penser.

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.

Mon amour, je t'associe à la senteur de l'herbe que l'on a coupée dans le pré
je te marie au chant du rossignol, à la splendeur des boutons d'or et des genêts
Mon amour, le corps universel que nous cherchons à travers nous deux, à tâtons
est présenté dans l'ombre des ombrelles, dans le bleu têtu des chardons
Mon amour, tenons bon la route, et la sente, et l'herbier des nuits
Tout nous est donné, sans le doute qui ronge les cours et les dents
Je parle d'astres, de survie. Par toi, je suis, de nouveau, né
Entends la flamme de l'été qui ronfle sur nos champs de vie
Et crois que l'accord est passé pour les cent mille ans du passé
autant que pour l'éternité...

 

.

 

 

LUC BERIMONT

Commentaires
T
l'ample vision du monde de Luc Berimond.
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EMMILA GITANA
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