La Figue...
Mes préférées s’ouvrent comme des lèvres, ont une peau d’encre, de taches violettes sur les doigts, une peau d’écriture qui cache sous le velouté de sa nuit mate la chair blanche d’un vélin qui s’amenuise avec les chaleurs de l’été, et sous ce derme tendre retient l’explosion d’un texte au cœur si rouge, si vivant et si gorgé de miel qu’on en vient à penser à l’intime aveu d’une offrande, à l’abandon, à l’ultime soupir d’un corps de femme dans l’extase. Fruit des terres parfois torrides et ivres de senteurs mellifères, cette chair à peine retenue de se livrer, quand elle est mûre, prête à fondre en saveur et en bouche, n’est qu’une peau nue à même le ciel, si nue qu’on éprouve en la goûtant une odeur qui exprime un oui troublant, et rassemble en une sensation de fête la soif d’un limon ardent, d’une mer qui lèche sa rive sèche et l’apaise, sous un ciel blanc de soleil, prêt à recevoir le mot de murmure, ce nom de plaisir qui est la joie d’un baptême d’amour, un secret sur la langue : figue.
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OLYMPIA ALBERTI
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