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EMMILA GITANA
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10 décembre 2008

LE LIEU DES SIGNES....Extrait

Beauté levante, chaque fois que m’étreint le sentiment de l’éphémère.

[ …]

Je parle de silence, mais qu’est-il au juste ? L’instant peut-être où le monologue ( le rabâchage) intérieur prenant conscience de soi s’arrête tout à coup, et qu’il ne reste plus qu’une sorte de vide béant et bruissant.  Le silence, ce vide. -  Et de me savoir sur son bord, de voir sa mer blanche , crée une tension qui, à la fois, le perpétue et le resserre, le met à pic devant moi, avec le désir de bouler dedans. Mais quand je décide d’y rouler, il n’est plus là.

Espace pour ombre.

Le moi est éponge dans le temps. Le moi absorbe et digère. Le je affirme quelque chose qui a, au moins, la nostalgie du sens – ou est aimanté par son champ.

Quelques mots qui, en se reflétant tour à tout sur moi, font lever des images, je ne suis que ça : écriture, silence, amour, sens, écoute et la Bête !

Jour violet sous le vent

et le fleuve a coulé

demain n’est plus devant

Etre complètement désemparé, c’est un mot. Mais quand on ne peut pas analyser le pourquoi, le comment, tout cela qui grouille et vous envahit, vous mine, on espère que ce mot va pomper toute la douleur, justement parce qu’il est si pauvre, si justement pauvre qu’il ne peut pas recouvrir grand-chose, donc être tiré du grouillement. Et ça marche parfois, au moins un moment  - le moment où tout devient dérisoire . Mais si ça se maintient, voilà que le dérisoire se met à vous ronger autant que le faisait la chose, et alors il n’y a plus de mot, plus d’issue, sauf peut-être dans une quinte de rire. On s’expulse en riant. On s’essore. On se fait mal jusqu’à ne plus avoir mal.

Non, claquer le non.

Un nom, et la douleur que ce nom ne fasse pas apparaître le visage, le corps. Je croyais avoir fermé la porte à pareille douleur, et puis la voici envahissante. J’essaie d’écrire douleur pour platement la ridiculiser, mais le page me retourne mon projet, ridiculement.

[ …]

Quelquefois le temps devient très transparent, et moi je suis sans épaisseur : un simple regard, peut-être – un regard qui ne fait qu’un avec le temps.  Qui-suis-je alors ?  Personne, ou tout cela qui passe et n’a pas l’air de le savoir – pas besoin de le savoir. Pareil à l’eau de l’air autour des choses.

Maintenant ,  la nuit, le corps enfoncé dans la nuit, seule la tête ( le regard) rebelle à la noyade.

Recommencer, mais la nuque est étroite avec, en place du chemin, quelque chose comme un éboulement. Effort, effort, pour rien : le regard reste blanc sous une arcade de douleur.

Lassitude des choses, des mots, ennui de cet encombrement qui monte comme l’âge, ennui de mon vocabulaire.

Vivre avec toi pour m’abandonner enfin à ton pouvoir, ou détruire ton pouvoir ?…

Il ne faut pas dire : Dieu est mort . Il faut dire nous sommes au temps du silence des dieux. Et c’est pourquoi la poésie est possible : elle est la vibration de ce silence.

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BERNARD NOËL

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GANDHA

OEUVRE DE GANDHA

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