LES TOURMENTS ET LES SONGES...Extrait
Je ne suis d'aucune race
Comme il fallait partir je pris le chemin le plus pur
Tout enfant s'endormir dans les bras du soleil
yeux grands ouverts lèvres tendues
les mains nouées autour du coeur
Solliciter tous les dons
(Mais qui me fit cadeau d'un regard sans frontière
liquide au feu
invisible de tous?)
De ses doigts tisser les étoiles
indiquer les nuages écarter les saisons
déplier l'espace
déshabiller l'aurore
faire taire la nuit fulgurer le grand jour
éveiller toute existence
clairon blanc ouvrir les batteries du ciel
Comme l'amour oublier le repos
Retrouver l'antique cité des premiers gestes
et des premiers cris
cet ailleurs et cet autrefois sans limites
où tout était encore possible
(Mais les souvenirs s'affaiblissaient
je ne pouvais plus croire à mon enfance)
Sur une plage morte
coquillage vidé
somnoler une joue dans le sable
ne pas répondre au vent
Le soir une eau moqueuse est venue m'enlever
Je n'ai jamais retouché terre.
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MICHEL ROQUEBERT
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Photo YANN GIRAULT