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EMMILA GITANA
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18 février 2009

UNE BUEE D'ESPOIR...Extrait

Le monde respire encore mais pour combien d'années ? Nous sommes passés des grains de chapelet au chapelet de balles, du feu de bivouac à la mémoire des bombes. J'ai toujours su que l'homme n'entendait rien à Dieu. C'est toujours l'autre le Diable. La lumière étouffe entre les pages d'un missel. La liberté n'est plus qu'un slogan de vendeurs, la dignité une couche pour les incontinents, l'auberge du bonheur un parking à vieillards. J'erre sans but sans bruit que le frisson des mots. Ma main s'appuie sur la fragilité des choses pour y tirer sa force. Je n'ai jamais appris les règles de grammaire mais mes doigts se souviennent des coups de règle reçus. Je me souviens à peine des mots sur le tableau mais je respire encore l'odeur de la craie où toussent les voyelles. Je regardais les arbres, les nuages, les trains. Je suis parti très tôt sur le cheval du rêve et je galope encore en phrases rossinantes. J'ai traversé le désert, la neige, la montagne. J'ai navigué sans rame sur des bateaux de papier. J'ai traversé le pays du Mexique au Grand Nord pour trouver l'infini au creux d'un nid d'oiseau, un grain de sable ou d'orage. Je crois à l'eau de pluie, à la goutte de rosée, au sable sur la plage, au soleil d'été et aux tempêtes de neige. Je crois à l'impossible, au hasard, au bonheur mais je doute de l'homme. Je me voudrais discret mais les mots grincent des dents. L'encre saigne sur la page dans les images portées pâle. Je porte sur le dos la terreur des enfants avec ma propre peur. Je porte sur la peau des tatouages anciens, des blessures de vie, des ecchymoses d'amour. Je me souviens des larmes, des rires, des baisers mais je ne connais pas le maniement des armes, le filet des chasseurs, la comptabilité.

 

 

Le goût d'errer s'épuise. On marche vers la banque, le bureau, l'épicerie. On ne sait plus se perdre. J'ai dormi dans les squats, les hamacs, les lits d'eau sans dormir vraiment. J'ai dormi dans les pierres d'un sommeil de plomb. J'ai dormi dans la neige, les cimetières, les rues. J'ai dormi dans les villes et réchauffé ma voix en brûlant  les feux rouges. Je ne dors plus vraiment. Je ne voyage plus qu'entre moi-même et moi en m'égarant sans cesse. Je cherche la fenêtre dans le dédale des paupières, la petite lucarne qui ouvre sur le cœur. Je respire la vie par les carreaux brisés. Je dors dans l'herbe, dans l'herbe éteinte ou sa lumière, ses petits doigts de sève chatouillant mon échine. Je me fais une cabane avec des mots de planche, une poignée de clous, des syllabes, du rêve. Quand l'eau du vent se mêle aux arbres, une petite source frappe à la porte. J'ai parcouru la terre, conjugué les nuages, traversé le silence mais j'ai à peine touché la mer. Dans le grondement climatisé, les téléphones mobiles ont pris toute la place. On ne sait plus dire bonjour. On se répète d'un monde à l'autre ce que l'on dit à la radio. Ici, ailleurs, partout, des clochards crèvent dans les rues et l'on cueille à Gaza d'étranges fleurs de sang.

(...)

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JEAN-MARC LA FRENIERE

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MiSSVanH

OEUVRE  Manu Van H

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