POEMES POUR UNE HISTOIRE....Extrait
(…)
O parfois tendre apocalypse telle que matin ou peur.
On ne refera plus la terre à consommer
tout de suite plaisir et le reste au milieu
de bouches séculaires et d’enfants barbelés
qui sèchent au soleil.
Multipliez la faim, apprivoisez les murs
et que dieu sur un arbre nous regarde passer.
Entre la mort et moi, il n’y a plus d’hiver
à la première pluie ont fondu les oiseaux.
J’ai comme la mémoire de ces guerres perdues
qui avaient une ampleur de secret et de froid.
Entre la mort et moi il n’y a plus d’absence
et j’entendrai longtemps
le bruit de sang paisible de l’après-désespoir.
Je ne rencontre plus personne
un bras de fille sur la branche bouge encore au vent d’en face.
La rivière et son chien dorment dans la parole.
A qui n’a plus qu’un œil errant dans le jardin
nous dirons des printemps de tendresse.
J’en appelle aux arbres et aux femmes
moi qui suis la septième année des roses
qui suis l’océan fratricide en lutte contre la mer
car entre les saisons il n’y a plus d’espace.
Aidez-moi à franchir les yeux
vous qui avez rompu le pain de l’avenir,
semblable aux continents dérive un souvenir
et persistent miroirs où l’on pose la bouche
pour y trouver la preuve de sa mobilité.
Quand donc va s’éveiller le brouillard des odeurs
et tous ces corps en mosaïque fidèles à leurs ossements ?
O tendre apocalypse
la plus dure rosée nous laboure l’échine
elle détruit au passage un corps.
Mille et mille rochers nous dérobent la vue
un seul aurait suffi de pourpre et de sueur
comme un ancien vaisseau.
Je violerai le sable jusque dans sa couleur
Pour que soit un enfant de ressemblance ;
C’est le monde de l’autre côté qui fermente
Et le si vieux soleil.
O nostalgique terre et ses chagrins
Là-bas la lune continue
Il fait un temps d’histoire à écrire
Un temps d’autrui et de mouche en colère
Avec une lampe perverse
Toute nue dans sa lumière.
(…)
Il y a des énigmes de plumes qui s’envolent
il y a chaque jour un matin qui se brise
et de nouveau fragile, la fabuleuse nuit
à peine,
alors, il y a des bûchers comme un lit que l’on aime,
cette mer agitée au fond d’un verre à vin,
quand je suis mort de vivre.
(…)
O tendre apocalypse de douceur éclatée
moi qui reviens d’exil
aurais-je mieux aimé ne pas savoir partir ?
Maintenant je connais la patience du rêve
je m’use et me désire à longueur de royaume
en refaisant les gestes de la crucifixion,
soulignant les déluges au crayon bleu d’orient.
Je n’ai changé que de nom
mais je réclame haut le droit d’être vivant
vieux de bien des croyances
j’ai des heures de pierre
ainsi le temps long de la joie.
Restent nous et les choses
et ces villes lacustres des premières phrases ;
dans la vase on peut lire :
utile comme un jardin ainsi soit la vie.
(…)
Qui dit mieux ?
Terre à prendre, à brandir comme une fête
soudain
mes bras te bercent comme seul un amour.
Je vois une jument qui dort dans un poème ;
la fille est un insecte mûr
avec des bruits de papillon occupé ;
je m’habille d’air et de jaune par temps de résurrection,
autour du cou je l’imagine fleurie
royale de démence ;
j’imagine que je détruis ce que j’imagine
et pourtant à ma droite une ancienne tristesse.
Le monde a perdu l’univers.
J’avais loin j’avis seul je rêvais de durée
d’avoir cru posséder la lumière rend l’ombre plus épaisse,
des yeux comme un vin neuf,
sur ma tête le ciel sans aucun avenir.
Ce paysage sortant de l’eau et qui s’arrête à chaque pas,
cet âge désorienté qui se tient immobile
en dépit d’une vieille histoire entre la peur et lui,
c’est moi.
Ne t’ai-je pas appris la boue dure comme une âme
toi qui voudrais pleurer d’enfance.
Ma vie n’a point d’excuse
surtout ne partez pas car les puits sont à sec
surtout ne partez pas…
.
.
.
NADIA TUENI
.
.
.