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EMMILA GITANA
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28 mai 2009

CHAQUE SECONDE

Sachant ce que l'on sait des hommes, la terre survivra-t-elle ? Tant de bêtes ont déjà disparues, empoisonnées par le profit. Les nuages ne font plus les yeux doux mais lancent des éclairs. Les oiseaux doivent nicher dans les carcasses d'autos, les vieux pneus, les boites à mail désertes. Il n'est pas toujours facile d'être là où l'on doit être. Trop de vide nous aspire. Trop de vie nous repousse. Nous avons peur de ne pas être aimer, encore plus peur d'aimer. Chaque seconde de vie est la plus importante. Chaque geste est le premier. Le temps passe mais l'avenir s'arrête. C'est un mur où l'espoir frappe en vain. C'est un mur, de plus en plus cloué, attendant sa lézarde, sa fuite, l'immense rayon vert, des graffitis sonores, des restes de beauté, quelque chose de chaud sous le froid de la langue. Les liens entre la main et le geste ne sont plus que des chaînes. La poigne des étreintes s'en ronge les phalanges. Le sang ne monte plus jusqu'aux caresses. Il se perd en chemin par les blessures de l'homme. L'encre ne sèche pas avant la fin de la phrase, tachant les métaphores et la paume des mains. Nul n'ose plus manger la chair des oiseaux morts ni la pulpe des fruits contaminés par l'homme. La terre, de pôle en pôle, ravale ses volcans et crache de l'eau morte. Les routes les plus sûres ne mènent qu'à l'abîme. 

   Quand la rivière déborde, elle apprend ses limites. Je veux vivre parmi les vivants sans marchander ma mort. L'amour a des blessures partout, des bleus de mémoire, des cicatrices encombrantes. Le sang seul sourit dans un visage barbelé. Derrière l'espoir d'un brin d'herbe, je me suis fait une cache avec mes dents. Je marche avec les pieds blessés de l'âme. Je tends les bras du cœur. Je bois le vin imaginaire dans le calice des tulipes.  Je tente un mot ou deux pour apprendre ma langue. Si les mots sont des fleurs, où donc sont les fruits, où donc sont les gestes ? On farfouille le sexe de la terre sans aucune tendresse. On efface la moindre esquisse de clarté sous le poids des décombres. L'encre respire à peine sur la blancheur des pages. Aux enfants brisés, on ne tend plus l'oreille. On tend la seringue ou le fusil. Les épis qu'on écrase ne donnent pas de blé. Pourquoi les hommes ont-ils si peur de la paix, ne peuvent-ils s'aimer sans en faire une guerre, ne peuvent-ils semer sans en faire un commerce, ne peuvent-ils donner sans qu'on les prenne pour des saints, des illuminés, des fous, ne peuvent-ils marcher sans écraser le voisin, ne peuvent-ils courir hors des sentiers battus, ne peuvent-ils survivre sans nier l'étranger ? 

 

  Je me méfie des attroupements. Dans une foule, il est difficile de distinguer l'honnête homme de l'imbécile. Les banquiers sont des kleptomanes qui s'ignorent. S'ils sourient, c'est moins par amour que par intérêt. S'ils vous parlent à l'oreille, c'est pour vider vos poches. Faire pousser le blé est un travail de vie. Le vendre est un travail de mort. La balance du cœur ne s'y trompe jamais. Lors d'un naufrage, on ne fait pas la planche en portant ses valises. La peur de la vie est plus intolérable que celle de la mort. J'ai plus d'espoir que de courage mais les mots pour le dire me servent d'alibi. Derrière chaque nuage, il n'y a pas que des chimères. Il y a aussi le ciel. Ce qui n'élève pas l'âme n'a aucune importance, surtout pas le pouvoir, la fortune ou la gloire. On reconnaît un homme à ce qu'il a de vrai. La plus humble des fleurs est parente du sublime. Il faut préférer l'âme à l'invention de la roue et le cœur au savoir. Tout homme qui s'en tient à la réalité est un traître pour le rêve. Dans la grande roue du monde, il faudrait que tous les rayons convergent vers le cœur.

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JEAN-MARC  LA FRENIERE

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COEUR

 

 


 

 

 

 

 
 

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