J’ai aimé, comme
tout le monde. Peut-être est-elle
Encore
vivante. Le temps passera jusqu’au jour
-Ce n’est
sans doute pas demain, mais un jour bien plus tard-
Où
quelque chose d’aussi grand que l’automne
S’allumera
sur la vie comme un ciel que rougit
l’incendie
Et
qu’attendrit le sous-bois. Sur les sottise des
flaques,
Crapauds
alanguis par la soif,
Sur les
clairières frissonnantes
Comme un
lièvre, et qui sont jusqu’aux oreilles
Cousues à la natte des feuilles d’antan,
Sur le
bruit qui ressemble au faux ressac du passé…
J’ai aimé
comme tout le monde
Et je
sais que, depuis toujours,
Les prés
mouillés sont mis au pied de l’année.
Au chevet
de nos cœurs l’amour dépose
La
frissonnante nouveauté des mondes.
.
BORIS PASTERNAK