JEAN AMROUCHE
Je suis Algérien, c'est un fait de nature. Je me suis toujours senti Algérien.
Cela ne veut pas seulement dire que je suis né en Algérie,sur le versant sud
de la vallée de la Soummam,en Kabylie,et qu'un certain paysage est plus
émouvant,plus parlant,pour moi,que tout autre,fût-il le plus beau du monde.
Qu'en ce lieu j'ai reçu les empreintes primordiales et entendu pour la
première fois une mélodie du langage humain qui constitue dans les
profondeurs de la mémoire l'archétype de toute musique,de ce que
l'Espagne nomme admirablement le chant profond.Cela et bien plus;
l'appartenance "ontologique" à un peuple,une communion,une solidarité
étroite de destin,et par conséquent une participation totale,à ses épreuves,
à sa misère, à son humiliation, à sa gloire secrète d'abord,manifeste ensuite;
à ses espoirs, à sa volonté de survivre comme peuple et de renaitre comme
nation.
j'étais, je suis de ce peuple, comme il est le mien.
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JEAN AMROUCHE
Rabat 1958
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