SYBILLES...Extrait
Je n'écris rien sur les feuilles. Je lis
ce qu’en elles déjà elles portent,
en ces nervures embrouillées pareilles
aux veines sur le dos de la main
ou aux lignes gravées dans la paume. Mon regard
qui suit la fourche de voies secrètes
saisit aux intersections gonflées de sève
les nœuds du sens. Ainsi
le message se fait plus clair.
Mais ce que tu attends de moi, et que tu nommes
ma réponse, n’est pas à moi, et pas même
une réponse. C'est la vie qui parle
en chaque chose vivante cependant qu’elle s’avance
vers la mort. De moi je n’y mets
que l'angle juste du regard.
Et, quand longuement j'ai scruté ces feuilles,
le calme geste par lequel je les confie
au vent, et le vent les emporte,
lui seul proférant
par un droit immémorial
le souffle de la prophétie.
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MARGHERITA GUIDACCI
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