Désormais je consens, que la lumière soit le souffle pur
qui transfigure toute ruine et rédime le monde,
et que la nuit revienne, pourtant.
D’un dernier mouvement j’apaise ma révolte.
J’accepte l’instant nu.
Geste essentiel, éclatement solaire,
et que mes mots soient des fissures, où la vie se fragmente.
Ombres et lumières.
Un visage soudain traversé d’émotion, une envolée peut-être?
Puis la chute, brutale, dans le vide obscur, et nos regards dépossédés que le réel
submerge.
J’accepte la fracture, puisqu’il le faut, et la beauté criblée du monde. En un long
chant du cygne je berce mes refus, prunes sauvages, soubresauts renoncés de la trompeuse
éternité.
Je consens le partage, et l’équivoque,
et les parfums qui s’éparpillent.
Je tairai désormais la fureur, et la soif jamais étanchée, de l’absolu.
J’accepte enfin de vivre.
Mais c’est vieillir, je sais.
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COLETTE GIBELIN
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Oeuvre Marc Chagall