AIMER
Longtemps j’ai fait mon miel du néant
Comme à la bouche vient l’eau des limbes
Certains soirs
Comme il est doux de s’éloigner de soi
Sans un adieu
De quitter ce qui n’a pas clairement de nom
Une zone d’avant qui
Un no man’s land de quoi
Royaume si profond dans une tourbe sombre
Avec le sommeil en visiteur confiant
Je ne pensais qu’au peu d’angoisse qui me hante
A me savoir fardeau de l’oubli
Egal au seul poids de la peau et des os
Jusqu’à ton corps sous l’avalanche
Jusqu’à tes yeux dans le noir
La peur ne m’a pas envahi
Elle rôde mais ne règne pas
Les choses ont perdu au change
Je n’ai plus foi dans les pierres
A peine dans le soleil et les sables
Je m’accroche à des mots en boucle
Dont la musique est une ivresse
Aimer d’un amour sans limite
Aimer d’un amour sans espoir
Aimer dire et redire que je t’aime
Aimer ainsi comme l’amour aime
Me laisse un destin d’assonances
Martelées jusqu’au délire
Et chaque atome des univers
Il y a
L’impensable que je pense
L’énigme que j’embrasse
La quadrature de toi
.
.
.
.
ANDRE VELTER
.
.
.