Le désespoir est silencieux. Le silence même, au demeurant, garde un sens si les yeux parlent. Le vrai désespoir est agonie, tombeau ou abîme. S'il parle, s'il raisonne, s'il écrit surtout, aussitôt le frère nous tend la main, l'arbre est justifié, l'amour naît.
.
ALBERT CAMUS
.
Si vous venez me chercher quelque part,
Je serai en un lieu nulle part.
Derrière ce nulle part, il y a quand même quelque part.
Derrière ce nulle part les veines de l'air
Sont pleines de chardons qui nous apportent les messages
De ces fleurs épanouies sur les confins des terres lointaines.
Et le sable porte aussi l'emprunte des chevaux
De ces fringuants cavaliers qui ont franchi à l'aube
Les hauteurs ivres de l'assomption des fleurs.
Derrière ce nulle part, le parasol du désir reste à jamais ouvert :
Et quand le souffle de... [Lire la suite]
Avec un morceau de charbon
avec ma craie cassée et mon crayon rouge
dessiner ton nom
le nom de ta bouche
le signe de tes jambes
sur le mur de personne
sur la porte interdite
graver le nom de ton corps
jusqu’à ce que la lame de mon couteau
saigne
et la pierre crie
et le mur respire comme un sein
.
OCTAVIO PAZ
.
Dessin Gabriel Dante Rossetti
Peux-tu me vendre l'air qui passe entre tes doigts
et fouette ton visage et mêle tes cheveux?
Peut-être pourrais-tu me vendre cinq pesos de vent,
ou mieux encore me vendre une tempête?
Tu me vendrais peut-être
la brise légère, la brise
(oh , non, pas toute!) qui parcourt
dans ton jardin tant de corolles,
dans ton jardin pour les oiseaux,
dix pesos de brise légère?
Le vent tournoie et passe
dans un papillon.
Il n'est à personne, à personne.
Et le ciel, peux-tu me le vendre
Le ciel... [Lire la suite]