L'AUTRE COTE DU MONDE...Extrait
Du bout des doigts, le tracé de
sa bouche. Ce comble de l’âme qui
affleurait mes propres lèvres me
débordait – insoumise révolte d’étoiles,
que l’on ne muselle pas, chant, que l’on
n’ensevelit pas longtemps. On peut
tout me refuser, mais l’amour, on ne
me le prendra jamais. Il est si vrai que
ce qu’on nous prend, nous prouvons
par sa perte (serait-elle infime seconde
d’absence) que nous ne l’avons jamais
fait nôtre.
En ce sens déployé, enivrant, bouleversant
comme une senteur, nous ne
perdons jamais la vie. J’ai l’âme tatouée
de quelques signes majeurs, le parfum
nostalgique du jasmin, le ressac de la
mer, le soir – je parle de la Méditerranée,
mais de 1’océan Indien encore,
de l’Atlantique en fouets – 1’insistance
de la mémoire à ne pas se laisser briser,
la peau de vies que j’ai aimées aussi fort
que les mots qui pourraient célébrer la
gratitude de ce qu’elles me donnaient
– de vivre d’aimer.
D’infiniment aimer. Dans ce plein
jour d’être qui illumine le souffle.
Qui pourrait nous voler 1’élan de
dire oui au monde ? Qui peut détruire
la lumière fiancée à l’âme, promesse
de Présence ?
Je ne vis que d’aimer. De tout le
reste je meurs, je m’avance courbée
vers mon au-delà.
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OLYMPIA ALBERTI
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Oeuvre Maria Amaral