Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EMMILA GITANA
Visiteurs
Depuis la création 1 612 209
Newsletter
Archives
1 décembre 2009

CHEMIN DE PLAIN CHANT

Longtemps il a marché pour rencontrer l'automne. Souvenir de parfums. Entrailles bouillonnantes. Violines anciennes craquant de miel baveux. Rondeurs provocantes. Le figuier salue. Souffrance. Les figues se dessèchent. Tombent. Oubliées. Où sont vos ventres larges craquant de miel ? Seuls crissent quelques grains de mémoire au croisement des jours. Une mouette s'est posée sur le magnolia du jardin. Elle venait de là-bas où tout est vérité. Les hommes ont dit, il faut choisir. Ses doigts glissent. Ils dessinent des toiles d'araignée. Des voiles pour pleurer sans vergogne. Femme figue. Blancheur du lait qui parle encore de vie.

A l'envers des mots, à l'envers du temps nos impatiences surgissent de l'hiver. Echo des confusions. Vagues proximités effleurant la conscience. Intranquillité d'un ventre. L'attente sera sans rire.
A l'envers du vent, à l'envers des os. Il est tendre et pensif. La mort sera. Indifférente aux rigueurs des hommes. Il l'aime multiple.

Au lait des agnelles la liberté se souvient. Aubes rouges. Odeurs de térébenthine. Fleuve sauvage qui défiait l'espace. Battent nos désirs.
Les agnelles ont tari. Les sources n'abreuvent plus que des anges muets. La falaise où nichent les étoiles n'abrite aucun oiseau. Les cailloux y forment de vagues tâches. Le hasard n'y a plus de place.
Des mondes intérieurs comme une ruche. Insolence des interdits. Insoumission des langues. Conte du matin de mai quand les femmes décident d'aimer.

Tout penser des fleurs et des ombres. Paroles errant sur la lande. L'argent des lunes coulant entre les genévriers. Désert de graviers où trébuchent les voix. Une aurore enchaîne l'autre. Et nos amours. Ebréchées par le vent qui désaccorde nos saisons. L'éternité se glisse par dessus les moulins où des sabots jetés signent le secret.
La pierre du moulin écrase le grain. Capuchons sages. Meunière silencieuse.
La pierre du moulin écrase le grain. Corps brisés. A l'envers du décor.
La pierre du moulin écrase le grain des innocents des mères porteuses.
La pierre du moulin écrase le grain le vernis craquelé les cris arrêtés.

Nos solitudes habitent des moulins où les eaux s'écoulent goutte à goutte. Un grain crisse sous sa peau. Fouiller les creux d'oubli. Les vides. Tâtonnements. Grelots. Cris. Néant Des langues de terre s'allongent. Nues. Se creusent des tranchées. Quelques épluchures de soleil tombent sur la ville. Des silences d'hommes parsèment le champ de taches de couleurs. La terre lèche déjà les plaies d'un enfant. Un court instant un caillou roule comme une bille pour rejoindre un petit tas plus bas. Au fond la terre se teinte de rouge. Indélébile.

Matin. Petit tas de noix cassées. Sans objet. Les jouets rangés ne font plus de bruit. Les passants de nouveau emboîtés dans leur cadre laqué. Il n'y a plus d'objet à la vie. Un monde lisse s'étire sous les pieds de l'homme. Il avance sans peine. La légèreté de Pair allège son corps. Ses mains laissent place au vide. A l'étonnement. Le silence efface toute pensée. Il s'étire. Un éclair le traverse. Sans souci des présents d'un geste il balaye les cercles parfaits des autres. Des femmes. Des enfants. Des bêtes et des plantes.

Retourner aux lisères du temps. A mi-lieu du souffle et du néant. Retrouver un chemin oublié. Habiter son corps et son chant. Devenir l'Ermite de ce matin d'automne. D'ors de bleus et de glace. La parole tâtonne. Des flots soudain moins encombrés. Nos barques accostent aux rires du présent. Ironie. Désespoir. On referme la boite. Son être éparpillé. Des lambeaux de chair arrachés. A vif. Son cœur. Et la pluie.

La pierre du moulin. Son mat des gouttes. La pluie entraîne l'eau du moulin. Les cercles se referment sur les corps. Le feu et les hommes. Les plantes et les bêtes. Un bûcher est au centre des terres. La pierre du moulin livre son secret. Résurgence. Des mots et du sang. Caresse à peine osée. Les yeux d'un enfant découvrent la mort et la vie et le temps et le chant. Une femme trace un cercle de ses pas. Un second cercle croise le premier. Un troisième dévale le chemin sans voix. La flèche du silence murmure au cœur des pyramides comme une source. Longtemps il suivra le fil tissé par la main de l'enfant.

Alors l'oubli sera. Masque sans yeux. Premier signe du temps. Lame de fond. Gravité du moment. Joie pressentie. De rupture en rupture les éléments s'assemblent. Le rythme jamais tu s'amplifie. Déborde. Inonde les lieux. Plain chant.

.

ANNIE  GLEYROUX

.

pt11854

Commentaires
EMMILA GITANA
Pages
Tags
Derniers commentaires