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EMMILA GITANA
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6 décembre 2009

ETOILE SECRETE...Extrait

S'il avait mis sa complaisance en cette heure de la puberté du monde,
Il aimait la gloire écrasante de midi.

Le port enseveli haletait dans les flammes,
Les bouches de l'enfer vomissaient la poussière,
Tourbillons suspendus et danseurs sur l'eau morte...

Il s'en allait le long des quais
Au flanc des cargos dormants sur les eaux couleur d'herbe pâle,
Très doucement porté par une brise intérieure,
Sur ce rythme étranger du pas des somnambules.

Il se chantait le nom des ports et des compagnies maritimes,
Mais il réservait sa ferveur aux longs-courriers des mers du sud
Illuminés de nostalgies...

Une musique assourdie
Montait alors du creux de l'âme,
La musique autrefois connue
Des paradis à fleur de songe.

Îles Australes, Pacifique!

Sa main longue et parcourue de veines pâles
Dessinait sur la feuille un empire d'outre-sommeil,
Une mer à visage de ciel.
On voyait germer de l'absence
Un cœur bleu-sombre étoilé de volcans.
La sève à flots de la terre en gésine coulait,
Chevelures de flammes convulsées,
Se perdre en crépitant dans le silence immobile
Des vallées abyssales de la nuit.

Mais des Îles flottaient, étoiles surmarines;
Les longues laisses des courants avaient la phosphorescence
De longues traînées de comètes noyées,
A la dérive entre deux eaux.

Et ce monde enchanté vibrait comme un coeur d'homme.

Alors il dit:

" Voici le plan de mon Royaume.
C'est un Royaume de ce monde,
Et le Royaume d'outre-mort,
Où ciel et terre sont unis dans la mouvance de la mer.

" Les courants veillent, d'île en île
Portant les fruits des continents.

" Contemple ces fleuves de vie, lignes des forces océanes!
Les peuples en exil se laissent dériver;
Les barques par milliers chargeaient l'espoir des hommes
Vers l'éblouissement de l'aurore natale.

" Nous appareillerons vers les îles australes
Qui baignent leurs cheveux, le soir, à l'orient.
Nous irons, le front haut, les yeux clos, les mains vides,
Le corps nu et nimbé de notre antique gloire
Dans le jardin secret d'au-delà de la Nuit.

La voix venait de loin, de profondeurs nocturnes
Avec l'éclat tremblant d'un fanal dans la brume.

Ses yeux étaient ouverts, mais il semblait dormir,
Le corps très droit, les mains ouvertes près du coeur,
Avec la majesté d'un prêtre au Sacrifice.

J'ai cherché depuis lors la clef de ses paroles,
Peut-être, l'un de vous, un jour ? ...

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JEAN  AMROUCHE

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