LE BLEU QUI PRECEDE LA NUIT...Extrait
Les choses nous assignent à résidence
plus que les êtres et leurs paroles.
Nous disposons d'une patrie
que nous peuplons à notre gré.
Les arbres, les montagnes, un étang
nous incitent à l'indulgence.
Nous existons peut-être par défaut
et nous louvoyons corps et ombre
à la merci de toute erreur.
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Ne médis pas des bourbiers, des marigots
et autres lieux sans histoire
ni intérêt comme on le croit.
Les paysages qui te sont concédés,
approche-les avec des gestes d'apprenti :
tu ne les oublieras plus.
Si tu t'engages dans des terres d'exil
ou dans des voies plus délicates,
continue de restituer au monde
ses élans d'une jeunesse foisonnante.
Il se trouvera toujours quelques anges
aussi noirs que le soleil
pour t'escorter vers le terme du parcours :
tu les remercieras d'une poignée de vent.
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MAX ALHAU
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