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EMMILA GITANA
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30 mai 2010

NE PRESUMEZ PAS DU TEMPS DE LA VIE...!

fordisme

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Débat consternant sur les retraites dont on ne sait s'il ne révèle pas plus le soucis d'un réel problème de fond et de l'acquis que  la
nécessaire quête d'une économie exsangue, d'un système et, plus encore, d'un gouvernement aux abois qui se noie dans les déficits, dixit la Cour des Comptes dans ses deux derniers rapports accablants au sujet de l'Éducation et du budget 2009. De la rue, nous les voyons compter les manifestants comme des épiciers en temps de guerre et se prêter aux jeux dérisoires des estimations de grévistes pour arguer d'un libre arbitre investi et désormais sans concessions. En êtes - vous là, messieurs, seriez-vous tombés si bas qu'il vous faut vous rasséréner de chiffres au demeurant insignifiants et sans aucune valeur! C'est vrai, après avoir éclaté une société, divisé et jeté les catégories socio-professionnelles les unes contre les autres, il est désormais aisé de régner et d'imposer votre seule vision de la situation, de revenir sur des promesses de campagne électorale et surtout d'avancer une argumentation indigne d'une nation de culture, de progrès et de surcroît qui semblait encline si souvent au débat éthique ou pour le moins moralisateur, respectueux des saisons de la vie que nous traverserons tous. Quelle démonstration d'intransigeance et de froidure pour celles et ceux qui sont aux commandes de l'état et qui, à des fins exclusives de comptabilité, de prospectives, de choix politiques stratégiques et conjoncturels, s'octroient la liberté de faire payer plus encore le substrat même de la nation, le peuple et, en définitive, les " Seniors " parvenus au terme attendu de leur carrière professionnelle, un seuil qui a vacillé déjà en 2003 avec une semonce financière adressée aux grévistes qui ne sont pas prêts d'oublier...
Indélicatesse, ingratitude, j'irai même à dire lâcheté de nos nourrins qui se disputent l'auge gavée du pouvoir, quand des jeunes attendent aux portillons du marché de l'emploi une aubaine miséreuse et, que des travailleurs en fin de parcours n'aspirent qu'à un repos bien mérité! Voilà les deux extrêmes de l'âge bafoués par les options froides et inhumaines d'un autre temps pour tous ces gens rivés à vie au Smig / Smic ou aux emplois des plus précaires!

Mais ce qui est bien plus grave au regard d'un débat - qui s'avère certes urgent, nécessaire, incontournable et, personne ne le niera -  reste l' immonde spéculation que l'on orchestre à tout va et au tout venant qui touche à l'espérance de vie de tout un chacun... Qui êtes - vous pour deviner et vous asseoir d'un seul tenant de technocrate, de votre poids or, sur la durée de l'existence, la viabilité du patrimoine génétique qui fait de chacun un être unique et différent devant la vie, la maladie, la mort, l'existence tout simplement? Comment présumer et affirmer avec la force aveugle et négationniste des moyennes statistiques - n'en faites-vous pas des indigestions à toutes les sauces -  des écarts types à la moyenne, des graphes et des  courbes pléthoriques et colorées, très jolies, comme ces nouvelles vérités intangibles, irrépressibles sur lesquelles vous allez fonder un nouveau désordre social, une société bien plus fragilisée par le sommet et dans ses fondations ?

Pensez-vous souhaitable qu'il faille également appliquer un coefficient de longévité aux personnes suivant un certain nombre de critères qu'il vous appartiendra d'énoncer au gré des déficits et des humeurs de l' entropie économique mondiale? A quand aussi la mort connue et programmée, dès la naissance au vu d'une fiche signalétique de la qualité de notre l'ADN, et satisfaire ainsi les exigences des portefeuilles ministériels, les priorités ou les bévues, les lacunes de gestion d'ordre étatique, Européen, multinational? Que faîtes-vous de ce droit à la différence, du choix citoyen, de l'opinion, du vote solennel civique avant que d'être utile à certains, qui porte justement la richesse de la démocratie dans son acception la plus enviable et  honorable? Comment affirmer que l'on vit mieux et plus vieux - même si cela s'avère irréfutable dans certains cas - lorsque l'on sait que nos sociétés et les modes de vies qu'y s'y rapportent tuent aussi par accidents de plus en plus nombreux, affectent l'homme moderne de ces  maladies inhérentes et récurrentes, propres à la surconsommation, à la surproduction, immanentes à nos systèmes sophistiqués et éloignés des substrats naturels... Qu'elles déciment plus encore par la route et ces orgies collectives d' addictions - dont vous tétez avidement toutes les taxes possibles jusque dans les établissements scolaires !!! ou par tout autre sinistre dont on sait bien qu'ils trouvent leur origine au cœur même d'une vie active et professionnelle envahissante, très exposée et trépidante.
Laisserons- nous faire, quand au terme de 45 années de cotisations - nous y venons à grands pas - un retraité, pour x raison, quittera ce monde, éreinté, épuisé, n'ayant pu jouir que d'une ou de deux années de repos, emporté par une maladie dont tout portera à croire qu'elle sommeillait, révélée par un patrimoine génétique amoindri, un emploi épuisant, un parcours de santé défavorable? C'est insoutenable! l'homme de ce monde se voit traiter comme un code barre, une équation financière cynique et sans aucun état d'âme. Traitement de choc disposé à sauver un équilibre budgétaire mais certainement pas un modèle de société comme on voudrait nous le faire entendre. Il s'agit là d'une usurpation officielle d'un acquis social, d'une garantie morale d'efficience professionnelle à trop long terme, un chantage à la poursuite d'un emploi à des seules fins d'économie budgétaire. Que deviendront nos dépenses croissantes de santé dans un pays qui caracole au hit-parade de la consommation des antidépresseurs, des médicaments ?
L'acquis social et la mise à la retraite à 60 ans était une sorte de compromis plus juste, décent, rodé; bien que certaines
catégories socio-professionnelles pouvaient, il y a quelques années, entrer en retraite à l'âge de 55 ans. Je n'évoque pas les corps de l'État, armée et Police, voire d'autre secteurs qui avaient et auraient peut-être conservé leurs avantages précieux.
Tout travailleur, salarié, partageait cet horizon dans la sérénité d'une relative justice face à ce sujet épineux, pour ne pas évoquer et dériver sur la pénibilité irrecevable de très nombreux corps de métier. C'est encore un autre débat à ne pas occulter. Nous possédions une base solide à partir de laquelle il convenait de jeter des ponts vers d'autres alternatives reposant sur des choix, des ouvertures, des perspectives librement consenties et acceptées, voire encore valorisantes. Alors, toutes ces discussions, ces atermoiements sont d'un monde brutal que nous ne voulons plus, appartiennent à une logique de système implacable; on le sait bien, la finance et les comptables règnent en maîtres absolus.
Quelles opportunités avons-nous dans un modèle à l'occidentale, dans un pays aussi riche que le notre, présentant un
secteur productif et de services aussi étoffés. Elles sont innombrables et ne devraient pas être la source de tensions sociales exaspérantes. Descendre dans la rue, pourquoi? Ils nous ont pris jusqu'à ce droit de grève...
Il y aurait mieux à faire, s'unir et résister face à un choix de société qui nous concerne tous sachant que personne ne maîtrise son destin, que nous ne sommes pas égaux devant la vie, encore moins devant celui de notre fin de parcours .
Bien des aménagements, des réajustements, des propositions sont à étudier et à mettre sur la table pour qu'enfin, dès l'âge de 55 ans - suivant une échelle de pénibilité des emplois et des secteurs d'activité - et jusqu'à 65 ans, les travailleurs puissent en âme et conscience, en toute santé, décider de la poursuite de leur parcours professionnel, une ré-orientation possible, avec un plafond Maximum et un seuil incontournable de trimestres de cotisations qui ne sauraient abaisser l'âge de départ à la retraite en-dessous de 60 ans ou à son équivalent trimestre pour celles et ceux qui auraient commencé plus tôt ou qui se verraient attribuer un coefficient de pénibilité relatif à l'emploi difficile. Si la pérennité du système d'assurance vieillesse et des retraites est en jeu, sachons le traiter et observer un panel de solutions pour celles et ceux qui souhaitent poursuivre au-delà d'un seuil minimum la garantissant.
D'autre part, que cette prolongation de la durée de vie salariale ne se fasse pas aux dépends de l'embauche des jeunes, car il faut bien le dire, ils sont les forces vives de demain; les " Seniors " aussi compétents qu'ils puissent être ne sauraient prétendre les remplacer!
Réformer, avancer, innover, etc ... C'est bien! Passer en force un troupeau national divisé sur le sujet, en pleine coupe du monde, dans la bétaillère ne s'applique pas aux femmes et aux hommes que nous sommes et encore moins à celles et ceux qui vous élisent sur un programme dont l'âge du départ à la retraite ne devait pas être remis en cause!
Je terminerai sur une note d'esprit si tant est que cette donne est toujours de mise à l' époque éminemment dorée de l'euro! Répondre à l'épineux problème de la retraite, de la fin de vie, de ce dernier tiers qu'il nous revient à tous de profiter, c'est avant tout traiter une dimension dépouillée de tout calcul politicien et conjoncturel. C'est envisager les limites aléatoires de l'existence et du don de l'être social que nous avons été, non dans l'exaspération ou la souffrance, la fatigue de durer à imposer sans discernement, mais avant tout dans la sérénité afin que les retraités apprennent à gérer mieux encore leur temps, leur santé, la famille, des projets, et cela de la façon la moins coûteuse pour la collectivité tout en étant accessible et productrice de richesses ( temps libres et tourisme, associatif, humanitaire, social, culture, arts, etc ... )
C'est une réflexion, elle ne prétend pas traiter exhaustivement du sujet mais elle voudrait susciter surtout des réactions quant à l'importante nécessité de cet intervalle privilégié de l'existence, au respect du temps qu'il nous importe de défendre afin que l'être humain, le travailleur, le salarié, l'acteur du système se voit récompenser à parité des mêmes avantages sociaux ou corrigés, traité non en fonction de la survie d'un système bancal mais davantage selon les aléas pesants de notre modèle de civilisation, riche en ressources mais très inégalement réparties et, il faut bien le dire, infecté de ces très nombreux leurres qui masquent les réalités et les constats d'échec, pérennisent de dangereuses illusions.

En effet, si l'on vit plus vieux, dans bien des cas ce n'est pas dans les meilleures conditions et bien à force de traitements et de soins qui affectent profondément le cours d'un sursis passager et on ne pourrait plus aléatoire, si  fugace et que l'impéritie de nos dirigeants cherche à nous dérober jusqu'au bout, comme s'il était indécent de poser le tablier et d'apprécier cette halte, de vivre un brin de vie libérée des contraintes et des obligations quotidiennes, salutaires et réconfortantes pour les générations qui nous verront partir.

Je suis de ceux qui pensent que l'âge de la retraite devrait être celui aussi de la transition entre les jeunes générations montantes, une aubaine et un regain de sagesses à transmettre allégé peut-être de nos faux-pas qui s'enchaînent et acculent gravement un monde dans l'impasse. Une pause des plus active, capable de relancer tout autant un secteur de biens et de services enlisés. Et pour cela, il faut du temps, un temps encore vigoureux et non acculé aux dernières limites de l'usure où poindrait déjà l'horizon du grand départ.

La retraite, comme on l'a nomme communément et aussi maladroitement n'est pas un sujet dont les priorités seraient exclusivement d'ordre quantitatif, financière et de basses vues politiciennes, partisanes, dont on évaluerait l'intérêt de l'opinion à l'égard du sujet aux seuls décomptes stériles du nombre de manifestants descendus dans la rue ... Ne le saviez-vous pas mesdames, messieurs? Lorsque deux ou trois dauphins sillonnent la surface des flots, il en est des centaines en-dessous qui croisent et qui migrent vers leur destins que seuls les politiques industrielles et communautaires tuent et ravagent!

Triste, très triste ...

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CRISTIAN-GEORGES  CAMPAGNAC

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