Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EMMILA GITANA
Visiteurs
Depuis la création 1 612 156
Newsletter
Archives
6 juin 2010

PARCOURS POÉTICO-PRÉCAIRE


Pour être autorisé à faire quelque chose, il faut l'avoir déjà fait.


Où finit l'autorisé ?

Où commence le faire ?


Pour être, il faudrait arrêter de faire, mais si on ne fait pas, on est « rien ».

Rien. Serait-ce l'accomplissement suprême ?


Le rien, le vide, pro matière, n'est-il pas la source originelle de toute énergie ?

Contenant et contenu, énergie inépuisable du Tout.

Mais ne nous égarons pas.

Il faut pouvoir prouver ce que l'on est.

Il faut légaliser ce que l'on fait.


Sinon on est hors.

La loi.

Du monde.

Mais en soi ?


Pour être intègre, il faut se désintégrer.

Pour s'intégrer, il faut lécher combien ?


Combien de centimètres les incisives ?


Je SUIS, toujours avec cette désagréable sensation de n'être pas en règle.

Déréglée, hors du temps, avec le temps absolu comme démesure.


Le but n'est qu'argent.

Tout est bon pour faire de l'argent.


Le bon faire c'est faire de l'argent,

Le reste est fainéantise, parasitisme.


L'art qui fait de l'argent

La culture qui fait de l'argent

La littérature qui fait de l'argent

L'humain qui fait de l'argent

Est reconnu utile.


L'art, la culture, la littérature, l'humain sont inutiles.

Seul l'argent leur donne consistance.


Que faites-vous dans la vie ?

Mais que fait la vie en moi ?


L'activité est commune à toutes les espèces vivantes.

Seul l'humain transforme l'activité en valeur qui donne une valeur à l'activité.


Autrefois j'avais un métier.

Pour certains déjà ce n'était pas un métier, mais ce métier rapportant de
l'argent,
comme un chien rapporte une pantoufle à son maître, c'était tout de même un
bon métier, bon chien.

Parfois on me demandait, les jours de montage, tenaille en main, et sinon
vous faites quoi dans la vie ?

Mon métier pouvait ressembler à un amusement pour ceux qui peut-être
n'aimait
pas l'activité qui leur ramenait leur pantoufle.

Mon métier c'était « artiste dramatique », c'était la case à cocher, la
référence à l'agence nationale pour l'activité rapportant de l'argent, mais
ça ne correspondait pas réellement à mon métier, car cela n'avait rien de
dramatique.

Par contre, il est vrai que c'était plutôt artistique, le théâtre de rue,
malgré les tenailles, le fil de fer, les palettes, les camions à charger et
décharger. Le soir je lâchais la tenaille, me lavais les mains et grimais ma
figure pour faire ce qui aux yeux de beaucoup, était un amusement. Pourtant
je vous assure, amuser les autres n'est pas toujours drôle.


Aujourd'hui je ne m'amuse plus pour de l'argent.

Je ne manie plus la tenaille non plus, ou alors juste pour arracher le
bouchon plastique de la bouteille de gaz.

Aujourd'hui je n'ai plus de métier.

Je sais toujours faire ce que je faisais, je sais toujours très bien
chanter, même mieux encore, mais aujourd'hui je n'ai plus de métier. Je n'ai
que des souvenirs.


Aujourd'hui je suis poète mais ça n'est pas un métier et ça ne rapporte
aucune pantoufle.

Je ne fais pas poète, je suis poète.

Toujours artiste aussi d'ailleurs car je ne suis pas du genre à pouvoir
rester sans créer.


Oui mais créer ce n'est pas un métier.


Peindre sans être peintre, photographier sans être photographe, polir des
cailloux, sculpter des bouts de bois sans être sculpteur, faire des tableaux
virtuels sans être graphiste, chanter sous sa douche, apprendre tous les
jours un peu plus, ce n'est pas un métier. Avoir plein d'idées non plus ce
n'est
pas un métier.


Et la poésie alors là c'est le bouquet !

La poésie, ce n'est pas sérieux surtout si en plus elle n'est pas déclarée.

Et oui ! Je fais de la poésie non déclarée et pourtant j'ai l'audace de me
déclarer poète.


Je sais ce n'est pas un métier.

Dites, vous n'auriez pas une pantoufle ?

.

CATHY  GARCIA

.

fond_ecran_echiquier

Commentaires
EMMILA GITANA
Pages
Tags
Derniers commentaires