Me voici encore, les lèvres mémorables,
unique et semblable à vous,
J’ai persévéré dans l’à-peu-près du bonheur
et dans l’intimité de la peine.
J’ai traversé la mer.
J’ai connu bien des pays ;
j’ai vu une femme et deux ou trois hommes.
J’ai aimé une enfant altière et blanche et
d’une hispanique quiétude.
J’ai vu d’infinies banlieues où s’accomplit
sans s’assouvir une immortalité de couchants.
J’ai goûté à de nombreux mots.
Je crois profondément que c’est tout et que
je ne verrai ni ne ferai de nouvelles choses.
Je crois que mes journées et mes nuits égalent
en pauvreté comme en richesse celle de
Dieu et celles de tous les hommes.
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JORGE LUIS BORGES
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Très beau texte de Borgès
je suis arrivé ici en cherchant des poésies de Eugénio de Andrade, qui figurent déjà dans mon blog littéraire re-ecrit.blogspot.com ;.. j'ai aussi placé dans un de mes posts une peinture de John Singer Sargent dont je suis admirateur...
Bien à vous
bien à vous