L'autre
nuit, vous vous étiez transmuée en statue de marbre figée sur ma table
dans l'envol d'un adieu...Cette nuit le marbre est devenu chair irisée,
diaphane de fantôme dans la neige...
Je marchais avec vous sur une grève étrange perdue dans un vertige
horizontal. Un petit grain de sable qui était peut-être une perle faite
exprès a suffi pour vous faire trébucher et glisser dans mes bras
immatériels.
Je vous ai embrassée dans le vent bleu et comme palpable, sous un grand
ciel tourmenté de crépuscule d'automne, habité de mouettes et de
battements d'ailes. J'ai posé mes lèvres sur vos lèvres. Elles avaient
le goût végétal des embruns sur la mer et l'âcre saveur des fruits
verts...
La respiration des eaux s'était tue, noyée par votre souffle. Des vagues
immenses de tendresse déferlaient sur mon corps comme des sanglots
inutiles qui portaient un espoir aux teintes indécises dans leurs
ressacs vêtus de haillons spumeux...
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JEAN FANCHETTE
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Oeuvre Robert Fowler