L'INSENSE D'UN TEMPS D'INSENSES....Extrait

La terre, la grande belle aux cheveux dorés
Que pendant les mois d’été j’allais voir sommeiller
Et dont je caressais chastement pendant l’été
Le tendre et tiède ventre si frémissant de blé,
Dans les bras du plus laid des barbons a fauté.
(…)
Las ! On n’annonce plus que des champs attristés
Des clairières blessées et des nuits offensées;
(…)
Durement, désertiquement  villes et champs
N’entendent plus qu’un tictaquement,
N’entendent plus qu’un détraquement;
Mitrailleuse de la démence agitant mornes dents,
Terre tournant sur pivot de fer blanc.

On sonne les alertes de la haine incessamment,
On peut faire sa besogne d’enfant grimpant,
Sous la plus basse branche il faut descendre à tout moment !
Il faut vivre en vivant pillé, houspillé, pliant,
Survivre en mi-vivant vivotant.

On assemble en régiments les découragements,
On arrange en alignements les dérèglements,
On prêche que les dessèchements sont les fleurissements,
On prêche que les harassements sont le verdoiements,
On prêche que l’humain se manifeste inhumainement.

Brisez-vous en débris,
Patries moisies,
Foudres avilies
Et millions de bras pourris en fusils !
Poème, sois bistouri
Pour l’abcès de cris qu’est l’esprit !

Les vivants en nul temps ne furent si petits,
La parole en nul temps ne fut si grande tricherie,
L’esprit, déjà si réduit, jamais ne fut si tapi,
Le ciel jamais ne fut si grande chicherie
Dieu, déjà si douteux, jamais tant ne trahit.

Nous sommes tous Oreste affolé de furies,
Nous sommes tous Pascal battu par ses paris,
Nous sommes tous Crusoë roi d’une île d’avant la vie,
Nous sommes tous Kirilov éconduisant sa vie,
Égorgés cri par cri nous sommes tous Maïakovski.
(…)

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ARMAND  ROBIN

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Oeuvre Miquel Barcelo