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EMMILA GITANA
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30 novembre 2010

MA VIE SANS MOI...Extrait

Par un jour bien plus beau que la cruauté même,
Avec l'appui des vents gorgés, grisés d'écume,
La mer, mortellement gémissante et hautaine,
Plus que moi souveraine hôtesse de mes veines,
M'a couvert à jamais du désastre des brumes.

Chevaux jadis amis, secours menteur des rives,
Seuils où mon souvenir s'esseule comme un cri,
Collines d'où mon âme sous ses feuilles flairait la nuit,
Et vous confins d'esprits embellis de démence,
Que ne me guidiez-vous plus bas que la souffrance ?

Plus que la mort, à jamais errant indifférent,
Exilé de la mort plus encor qu'un vivant,
M'épuisant dans mes nuits à grappiller l'oubli
Aux massifs sans parfum des profondeurs perfides,
Pirate, je vivrai sans la vie, sans ma vie.

Aux îles de ma féerie,
Je chanterai sur ma galère.
L'amour sera point de repère.
Pour elle voguera ma vie.

Je veux me construire une solitude,
Ses remparts seront d'horizon nomade,
Ses créneaux d'air gris grisé par l'été,
Sur les murs luira l'ombre d'une fée,
J'aurai pour valet le destin dompté.
Le regard plus pur, moins dur qu'autrefois,
Celle que j'aimais, que j'aime à jamais
A ma mort viendra pour s'y faire aimer;
Comme au premier soir je lui chanterai:
" Que la vie est belle, ô ma bien aimée !
" Que la mort est belle, ô ma solitude ! "
Puis nous parlerons de l'éternité.

Je voulais tant saisir un heureux souvenir !
Ilots dormeurs, abris vogueurs,
J'ai prié les géants qui défendaient le peuple assis des rives:
Désormais nul ne sait où je descends souffrir,
Nul ne peut se vanter de savoir m'affranchir.
Torture mon courage, torture-moi ma joie, mer, ô ma babillarde,
Ma haletante confidente d'un cri sans voix.
Lente, trop lente, nonchalante est la menace qui me regarde !
Clairs, mes seuls amis, faites votre œuvre en moi.

Les plus sanglants plaisirs de l'art et du martyre
Ne sauront me hausser jusqu'aux débuts du jour.
Sous le bandeau de tous les flots à peine souple,
Mon regard, dur pour moi, plus amer que les houles,
Rôde clos aux baisers du temps ailleurs si doux.

Pourtant je sais cueillir la profondeur des fleuves !
Noyé, mort sans cercueil, mort sans enclos, noyé,
Tendu vers nul ne voit quelle escapade neuve,
Hostile ami d'un lâche en mon âme incarné,
Je sais mieux que le bruit de la mer ahaner.

Riche de sels furtifs pour les futurs rivages,
Je suis l'éclaboussé d'au-delà les souffrances !
Élan plié, brisé, qu'un sort fait d'onde entraîne,
Tout ce hasard d'eau frêle étonné de silence
C'est l'abîme en mes bras passant de peine en peine

Quand je guette très bas, alourdi par la vase
D'une création torturante et sournoise,
L'éternité, toute semblable encore à quelque enfance,
Si timide qu'elle n'ose qu'au fond de l'onde ses caresses,
Roule tout contre moi ses hanches d'algue immense.
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ARMAND ROBIN
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