CE QUE JE VEUX DIRE, C'EST LE POEME QUI ME L'APPREND
Le chant ne souffle qu’au-dessus de l’abîme.
Là où l’espace, le seul
espace
à la pierre
ne peut dire
la distance ou la proximité
qui les fait être
ensemble.
Là où la douleur, la seule
douleur
à l’absence
ne peut dire
la distance et la proximité
qui les fait dériver
étrangères.
Le chant ne s’élève qu’au-dessus de l’absence.
L’espace initial
n’existe qu’en creux
pareil à ce qui manque
à ce qui est redonné pourtant
par une blessure.
Le regard témoigne pour l’invisible :
il souligne, il parcourt
la distance où l’autre
se tient pour survenir.
Le manque découpe l’espace
où l’œil
devient regard
où l’invisible
se dévoile
par son absence même.
L’espace initial
n’existe qu’en devenir
pareil à ce qui sera à ce qui est perdu déjà
par une cicatrice.
Tenir debout
face au vent contraire
de l’Archaïque
au fond
de l’abîme glacé
des premiers temps
au loin
dans les espaces déserts
de la naissance
tu le peux.
Tenir debout
à contre-courant
de l’illusion natale
tu le peux.
A l’horizon
du seuil heureux
de la rencontre
au cœur
du regard insaisissable
de l’amour
tu le peux.
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ALAIN SUIED
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