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EMMILA GITANA
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3 mars 2011

AMORISCO...Extrait

Dans l’arbre j’entends un oiseau. L’éther est désir
quand chantent les oiseaux et moi, debout sur ma terrasse,
j’offre mes jours aux tornades du hasard. Debout sur ma terrasse
je suis gavé de cette faim qui part dans le chant de l’oiseau.
Et j’ai peur que mon cri ne me brise,
Que le cri que retient ma langue aille décréter ma folie.
Ô oiseau affamé de désir, Ô trapèze volant,
corde raide, et singe qui grogne sur un toit. Oiseau, tu as de la chance.
Debout sur ma terrasse mes ailes sont siècles de désir.
Je suis le Bédouin sur les restes du campement
qui étale les cendres du feu de la nuit ; l’Américain
qui marche sur des kilomètres tendus de robes, corsages et jupes
qu’il emplit d'amours sans fin,
le mystique dont la poitrine va s’arracher dans un tourbillon,
un désert d’intentions qui gagne et qui brûle,
où tout vert devient jaune. Et moi, sur ma terrasse je suis là.
Et je dis : viens en inconnue, en plume
qui se poserait sur l’épaule d’une vieille, en faucon
descendu lui manger dans la main, viens en mystère
en pluie ensoleillée, en don de Dieu, en autocar qui tomberait
d’un pont, viens en déserteur, en assassin pourchassé,
en putain qui fuirait son mac, viens en cheval égaré,
en chien mourant de soif ; viens mon amour, viens en guenilles
et triste comme un dernier jour sur terre, viens en soupir de malade,
viens en murmure, en cahot sur la route, en déluge,
en barrage qui cède, en turbines qui tomberaient du ciel,
viens amour dans une puanteur de marécage, en barrage de lumière
qui tient l’œil d'une aveugle, viens en souvenir
à tordre le corps de sanglots, en cadavre au fil de l'eau,
viens en vision, viens amour en besoin incoercible,
en esprit de l’escalier. Chant du cœur. Chant du cœur.
Le poteau s’abat et les fils étirent leur jaune électricité
sur le riche gazon. Viens voir et laisse-moi m'étonner.
Seul. Ou légion. J’entends des pas, des chevaux, des voitures.
Viens voir et laisse-moi m’étonner. Debout sur ma terrasse,
j’ai réponse au chant de l'oiseau : Ne dors pas. Ne dors pas :
toi qui viens de loger ta faim
dans la douleur de dire.

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KHALED  MATTAWA

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DELAMONICA4

Oeuvre Didier Delamonica

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