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EMMILA GITANA
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29 mars 2011

DE TERRES ET D'ECUMES

Il est avec celui dont le sang ne cesse de se répandre
Sur les parquets vernis
Et il ne reconnaît plus cette écriture qui est la sienne,
Ce sang agité qui est le sien.

Retourner à la terre comme le plus petit grain de blé
Produit des miracles,
Serrer des mains ou des corps,
Aller et venir, mais seul,
O la grande solitude, O jalousie profonde et douloureuse, tellement douloureuse.

Il refuse, fier, de partir sur des traces,
De suivre ou de guider,
D’espérer ou de susciter,
De parler le langage de la vanité qui le poursuit, ils luttent
Dans un corps à corps fatal.

Près de la Fuente Grande, source aux larmes, résonne
Le son des carillons du poète, Federico Garcia Lorca,
Le bruit des balles dans le corps aussi,
Aussi le rire désinvolte et réel, mimant ses morts à répétition devant l’assemblée médusée.

C’est une fleur colorée qu’il promène sur ton nom,
Un piétinement sans fin sur les jeux de la droite,
La célébration de ton humanité superbe.
Il va en Espagne pour, dans les villages, demander :
Comment prononcez-vous le nom meurtri : Ignacio ?

C’est dans ta langue, dans un flux d’accents toniques, dans la tendresse de l’italique
Que charrie le Guadalquivir
Que la vision blanche et transparente devient mot :
Dis-leur, toi, Federico,
Combien tout est merveilleusement chorpatelico.

Ce village aux rues étroites, aux façades obliques,
Porte ton nom.
Ces balcons que décolore le passage du serpent et l’illumination verte
Portent ton nom.
Les hommes dansent ton nom.

C’est ton langage, Federico, ta voix, Federico, ton appétit, Federico,
L’incendie amoureux éteint le 17 août 1936,
Pendant la grande implosion de ta poésie, que s’est produite la grande explosion des mots :
Agonie corporelle, roulement funèbre, mort du comédien,
Car souvent, devant tes amis, tu mimais ta mort puis renaissais.

Toi qui savais mourir,
Souriant et triste, dis,
Dis le faciès de ton visage entre les mains et les coups du bourreau,
Quand tes partitions furent dérobées
Et que les balles t’ont fusillé.

El lagarto esta llorando, rin rin, rin rin,
Un poète à New York compte ses pas,
Suit les larmes que Dali répandit,
Surprend des enfants récitant leur leçon, ce refrain…
Sans se douter que le lézard larmoie toujours contre son mur.

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PASCAL TRUCHET

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dali_al_dali007_triple_portrait_de_garcia_lorca

Oeuvre Salvador Dali

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