Alors, l'équation est vitale, mais simple ! Appréhender et cerner l'hécatombe et les coûts prodigieux d'un modèle de société plus que criminel ou réagir massivement pour le récuser, le condamner en se donnant, un à un les moyens de le dépasser, fidèles à des valeurs communes, fédératrices, enclines à minimiser et à reléguer les rôles de ces états aveugles, déséspérément comptables jusqu'au bout de nos vies et de nos libertés, et, qui ne nous accorderont plus que d'insupportables devoirs dont les seules technocrates et gouvernants ne seraient que les uniques bénéficiaires
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* Titre emprunté à Pierre Rabhi
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Je regarde le ciel et les montagnes qui en esquissent d'immuables rivages, ces clartés encore rassurantes d'aubes et de rougeurs vespérales. Mais à l'heure du repas, l'air est de métal, le vent très chaud. Avril dément, récuse ses caprices dont on reste coutumier dans une lumière d'acier. Le spectre meurtrier de la canicule pèse sur ce printemps. Je marche à l'ombre. Je pense aussi, ne parvenant pas à la vacuité de l'esprit. Je voudrais m'emplir de la mélopée de la brise, de ses parfums, des couleurs renaissantes de la campagne, du chant de chaque oiseau qui volettent dans les arbres et s'aiment de tout un choeur magique... Rien y fait, je demeure résolument envahi, infecté, déconcerté par une foule de tourments dont les causes et les effets planent comme l'ombre de la mort; la nature n'aurait-elle plus sur moi ces vertus palingénésiques, d'éternelles renaissances et purificatrices que je lui voue depuis tout petit et à chaque fois qu'elle me prend en mer ou en montagne ?
Ne serait-elle pas la divine thébaïde où le marin repose après un vaste bain de sagesse, abreuvé de ciels et de bleu ? J'arpente maintenant presque mécaniquement le bord des chemins et je m'insurge contre l'homme social, les sociétés qui le prolongent et les systèmes qui l'asservissent lourdement, pernicieusement, qui viennent chaque jour, passer en perte et profits leurs lots inéluctables, quasiment nécessaires de victimes que les lois oublient et " ignorent d'ignorer ", feignent de traiter dans l'exaspérante immobilité et la fatalité des décennies, prises dans l'inévitable cours positif et scientiste de l'évolution ...!
Je me révolte plus encore dès lors que à la tête de tels édifices raisonnables et des fils de la pensée rationnelle, lumineuse et catégorique, intransigeante, outrancière ou systémique, le peuple soumis intronise, à chacun de nos ébats grégaires depuis les calendes, comme une ritournelle, l'aéropage élu qui fermera de gré ou de force les yeux sur l'inévitable hécatombe saisonnière, de classe, de civilisation, de classe d'âge et de catégories socio-professionnelle que nos modes et niveaux de production induisent.
Faut-il de tout pour faire un monde ? Excécrable et détestable maxime sortie de l'ignorance, de cette fatuité, celles-là même qui portent aux sommets de la bêtise le chancre de la dominance et des viles passions d'état...
Mes pas résonnent, c'est en ce moment le choc sanglant de ces milliers de véhicules qui se heurtent et tuent, blessent et ravagent chaque année tant de vies humaines, aux heures dictées d'une liberté décomptée quotidienne ou saisonnière. Cette société en marche, quoiqu'il lui en coûte persiste et signe, jure et absout pourvu qu'elle ne dérive pas d'un pouce des finalités qu'elle se fixe pour subsister d'une part massivement et d'autre part, s'enrichir électivement des facteurs criminogènes qui la caractérise ...
Et ces millions d'hectolitres d'Alcool vendus à prix indexés aux désespérés dont les taxes nourrissent abondemment toutes les caisses des états ? Ce poison distillé sans ménagement comme s'il se fût agi d'une nourriture de base, le pain de la nation. Où alors, serait-ce ce bromure social tout juste enclin à juguler un environnement perclus de stress et d'usures morales - catharsis des masses - les effets indésirables du système qui nous rend en esclavage trouveraient dans l'alcool et les drogues leurs médication lucrative et aisée, de circonstance, dès lors que libertés et responsabilités assumées sont du libre -arbitre et du domaine de la conscience et de l'homme individuel livré à lui-même, soumis à toutes les tentations de l'avoir et de l'oubli vital.
Et c'est ainsi que les normes de tolérances voient le jour et surtout consacrent l'arrivée de substances, de molécules dont on sait parfaitement les dangers à plus ou moins long terme sur l'organisme qui menacent la nourriture, les soins, l'hygiène et le cadre de vie, sans parler de ces hypothétiques bio-rythmes ou cadences de travail et leurs nuisances grevées des temps contraints de transports assujettis.
Pensez un instant à ces lycées où l'on fument à tout va de plus en plus tôt, entre deux cours, avant l'exercice physique, souillant le plus bel âge de la maturation des jeunes corps... Quant aux conduites addictives en général, elle crèvent des plafonds inégalés, comme si le réel, le spectacle de la vie en fît une lourde pénitence à supporter, un chemin de croix pour racheter on ne sait quelle faute commise dans l'univers de l'enfance, assumer un conflit de générations de plus en plus cuisant ?
Souffrances ou mal être qu'il faut combattre ou fuir le plus souvent et que revêtent les oripeaux de ces mégalopoles malades, fragiles, en danger de suicides répétés, qui fuit inexorablement en avant de peur de se retourner, non plus sur des fautes mais sur des erreurs dont on rejette et récuse partout la paternité. Mais les commerces du corps et des soins regorgent de remèdes, ne désemplissent plus; elles témoignent par là de l'ampleur des maux que la société génère de plus en plus. Jamais la consommation de médicaments n'aura été plus importante avec son lot d'effets secondaires, de rétro-actions invalidantes et surtout de conforts éphémères leurrant.
J' imagine aussi ces cités et ces tours où l'on vit - comme j'ai vécu - dans ces cloaques de béton alors que les noblesses ripaillent et resplendissent sur les deniers publiques. On y apprend la désespérance, l'ennui, les larcins, la violence, la haine, la convoîtrise qu'attisent les vitrines outrancières de l'avoir, du posséder; il ne peut en être autrement et on persiste à oeuvrer dans cette voie sordide pour loger le plus de corps sur des édifices verticaux; espace vital oblige ! Il est des lieux propices à l'émergence du mal, mais non d'une atteinte à la morale ou à la vertu mais plutôt d'une mise à mort programmée de l'être, corps et âme perdus et abîmés dans je ne sais quelle insupportable indifférence, engluée et empêtrée de jugements de valeur et de calomnies, de xénophobies et d'exclusion. Villes, fratras des temps modernes, vous vous êtres égarées en suivant la bête immonde des pouvoirs!
Mais où donc est la vie, l'existence, l'entraide, l'éclairage et les promesses de celles et de ceux qui rayonnent et brillent de loin sans jamais descendre dans le quotidien du sans abri, du pauvre, de l'homme affecté tout simplement dans sa dignité, dans son quotidien d'indigences, d'infortunes et de forçat ?
Comment laisser dans un monde d'opulences et de richesses s'instaurer l'inégalité massive, l'exclusion, la ségrégation omniprésente par l'argent et les pouvoirs qu'il lui confère, autant de laissés pour compte qui n'auraient pour seuls remèdes que l'antichambre de la mort au fond des addictions, de la dépression, de l'isolement, de la marginalisation ?
Une société qui s'égare dans les masses et le nombre, connaissant parfaitement ses écarts et ses forfaits;
Ces niveaux parfaitement régulés d'une organisation sociale hiérarchisés qui en définitive se complaît dans l'acceptation fataliste de l'immaturité, de l'inachèvement;
Ces institutions qui de fait propulsent les effets de leurs erreurs, de leurs lacunes, de tant d'imperfections, de bévues et de carences portent aux crédits des contrevenants à l'ordre moral, des marginaux, de ces êtres aussi parvenus au bout du rouleau et que l'on enferme, irrémédiablement atteints et condamnés dans les asiles, leurs verdicts révoltants d'incapacités et d'incompétences doublés de l'absence de coeur et d'états d'âme...!
Mais comment pourrait-on continuer à vivre, à prospérer, à supporter la souffrance aux portes mêmes de l'allégresse, du lucre inconsidéré et illimité que ces inégalités induisent et précipitent partout, de façon pérenne?
Indécences ou opprobres à la dignité de l'homme, dès lors qu'un seul être périt ou souffre seul, au bord du flot ininterrompu de voitures, sur le seuil ou le perron d'un bâtiment, l'hiver, ou bien parvenu au stade ultime du coma éthylique au coeur d'un métier harassant et sous payé...!
Au-delà de ces constats, force est de reconnaître et de pointer aussi l'insupportable césure qui affecte les temps libres et contraints lorsque l'homme moderne s'évade et fuit en masse son quotidien, son cadre de vie et se rue vers les lointains rivages et la nature, par millions... Et bien que toutes les mesures aient été prises, la vitesse, l'alcool, toutes autres addictions s'additionnent pour livrer leurs lots de tués, d'infirmes, de familles brisées.
Oui, hélas ! C'est cela aussi le coût irréparable de nos modèles de société qui valident et acceptent ces constats morbides. Après tout, un état qui s'enrichit sur les causes directes de la mort, rejoint ici les assassins de la route, les dealers d'alcool et de drogues, ces firmes qui vous livrent des machines où les chevaux vapeurs défient toutes concurrences!
Si l'on devait cumuler les victimes de la route, celles dues à la consommation journalière du tabac et de l'alcool, les suicides, les internements massifs, les faits divers qui témoigneraient pour une forte proportion de situations souvent désespérées, nous obtiendrions pour une seule année ce bilan terrible, passé en pertes et profits d'une société décadente, bloquée et surtout malade de ses assurances et de ses technocrates zélés
Un monde, un univers qui va vite et repose, impudent, infatué, sur des prétentions et sur les acquis intransigeants et irréfutables du nombre, du chiffre, de la statistique mensongère ou moyenne. Le tableau de la vie, comme une médiane, une courbe, un graphe et c'est l'unicité de l'être qui bascule dans les fosses communes d'un système tout juste enclin à réguler le flux des naissances et des morts, qui jugule une démographie en définitive contenue artificiellement, quand ce n'est pas inégalement.
Et ces sciences sociales qui veulent dire tout et n'importe quoi, manipulées par l'information, à la solde aussi des pouvoirs, qui nient ou feignent de nier la réalité de terrain. Ces sciences sociales qui s'emparent du verbiage universitaire et qui tombent en déliquescence dès lors que leur objet d'étude dérangent la dominance en place.
Car après tout, force est de constater que bien des sujets et des objets d'étude, de la connaissance fondamentale et scientifique aux sciences humaines sont et resteront en décalage constant avec un quotidien largement en avance sur leur temps et électivement ou très partiellement sollicitées en fonction des conjonctures.
Terribles évidences où l'homme avoue connaître et remédier aux aléas conjoncturels de la société, en arborant et en possédant les moyens d'y parvenir. Cependant, on peut observer comment la sacro-sainte dictature du fric recule les échéances du traitement durable et radical des maux de nos société à des fins d'équilibres et de stratégies gouvernementales juteuses...! Le tout étant orchestré sur fond dévoyé de dignité, de justice sociale et d'égalité!
La société a un coût, il est énorme et on le sait. Elle s'évertue à fermer les yeux sur tant de sujets sensibles ou épineux, laissant çà et là des pans entiers en friche, en jachère économique ou de marchés, ou à l'abandon, des secteurs d'activités propices à l'émergence de maladies, d'accidents, à l'éviction quasi programmée du monde du travail d'un nombre croissant et alarmant de travailleurs affectés par les pénibilités et les pressions dégradantes des secteurs de l'emploi.
Niveaux ou modes de vies obligent, elles s'enfoncent inexorablement dans un fonctionnement régulé où l'homme ne détient plus les pouvoirs et la maîtrise des systémes mis en jeu. C'est l'allégeance et l'asservissement complets aux rouages et aux opérations, sans états d'âme, destinés à les viabiliser, à les rentabiliser, quoiqu'il en coûte. Le sujet, acteur aveugle et robotisé du système en subit les avantages mais aussi les contre-coups dévastateurs. Le nombre des vies exposées devient exponentiel et se perd dans les arcanes masquées d'une réalité fragmentée, spécialisée à outrance, multiple, ne laissant filtrer que des bribes d'informations pour ne pas dire de désinformations outrageantes.
Des besoins de premières nécessités aux cadences infernales du travail qui débutent et finissent par le calvaire des transports aux affects qui gravitent autour des pôles menaçants de la vie moderne, sans oublier les atteintes graves portées à la société depuis le plus jeune âge par les pratiques addictives légalisées, l'homme d'aujourd'hui se voit doublement porté sur les fronts de tous les dangers, risquant et hypothéquant son existence aux seuls profits d'une machine étatique implacable et envers laquelle il lui confère tous les droits et pouvoirs dans l'exercice croissant des devoirs de masse, tout en restreignant ses libertés individuelles qu'il finit d'exercer dans la vie active et plus encore aujourd'hui en retraite. Il se condamne et se sacrifie aveuglement, dépossédé de tout esprit critique, aux profits des caisses d'un Cyber -Etat devenu totalitaire mais certainement pas démocratique qui lui assure certes un confort relatif mais lui ravit l'essence même de la vie au coeur de la ségrégation, de l'individualité, et d'un fatalisme outrancier dont on paie à chaque seconde qui passe le prix fort !
Il meurt par an près de 4000 personnes sur les routes, près de 6000 âmes se suicident en France chaque années et le nombre de tentatives ne cesse de croître;
Près de 90.000 malades décèdent des causes directes du Tabagisme et l'on continue de fumer dans les Lycées !
Quant à l'Alcool, outre les ravages de la route et de la vitesse, il tue de 25000 à 65.000 personnes par an en France !!!
La Drogue fait des victimes, elle affecte l'homme dans sa dignité, son être, sa réalité sociale souvent mal vécue ou non tolérée.
Horrible addition, dont on sait la liste des éléments non exhaustive et de loin! Quelle guerre engendrerait un tel bilan de victime annuel pour un seul pays, dont on connait la destination des bénéfices !!!
Amertume, Chagrin, Honte à ces Modèles de Sociétés
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CCG
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