SERGE VENTURINI
L’homme est intelligent parce qu’il a une main.
Anaxagore (500-428 av. J.-C.) Fragments
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― Ne remets pas sans cesse à demain de vivre !
Écoute, à quand, dis-moi, ― à quand donc ce demain ?
Mains ouvertes sans crainte, mains tendues sans illusion.
Cœur ardent, j’embrasse tes mains d’humain, cœur battant.
Les mains sont un visage. ― Vrai miroir du présent.
Mains ridées, temps passé. Mains d’œuvre, à l’ouvrage.
Mais mains ouvertes, ― les protectrices, les apaisantes.
Lire une main, c’est voir un destin. ― Tant de chemins.
La main voit. L’œil touche. ― Contemple la vision !
L’aveugle aux doigts lumineux devient voyant.
Voici la clé des mots, ouvrez les portes, ― la nuit.
Tournez dans la serrure rouillée, l’ancienne clé noire.
Quand la main devient outil, ― n’est-elle pas puissance ?
Des mains aux mille visages, mains-paysages, dressées,
aboyeuses, infernales, hérissées, mains crispées.
Mains transmettant la force ; mains-sceptre ― énergie !
Non, l’avenir n’est pas au-delà de nos mains,
arbres déployés à partir des mains serrées.
Poings levés, mains des combats et des farandoles.
Contre les mains prêtes à ravir, ― ensevelir.
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SERGE VENTURINI
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Oeuvre Rodin