ICI-BAS
Le coquelicot en feston des coteaux,
le talus en friche et l’odeur de terre,
la pluie et la mésange,
ont scellé notre union.
Le peuple des bois et celui des airs,
les arbres en dentelle noire,
même le grand lac étal
où les corbeaux lapent l’hiver,
m’ont mariée au bel ici-bas.
Je suis la bienheureuse la toujours bien-aimée,
mon amant m’escorte autant que rivière avant la source,
je périrais de soif il m’abreuverait de feu,
il ajoure de nuit les heures de trop d’éclat,
je rebrousserais chemin qu’il inverserait le retour,
mes mains resteront nues : il est le cercle où se taille l’alliance,
le bel ici-bas.
A mi-vie, peut-être,
j’ai le goût de la cendre dans les os
comme le sel filandre en mer.
Ne sais si je dois me réjouir pour la poussière ou pour le sang,
A part égales chair et néant.
A mi-vie,
ma toute-mort se resserre
et pourrait m’enclore, peut-être.
Si n’était ce vide qui me déjoint et me délie,
un intervalle sur le cours de ma destinée.
Un passage pour un visage et revient ma toute-vie.
Mon autre, mon souffle inversé.
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ISABELLE BOURNAT
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