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EMMILA GITANA
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31 mai 2011

JE TENDS LA MAIN

Je tends la main vers l'olivier soluble
Ombre dans la vitre du feu
La maison a brûlé comme une enfance
Occupé à des jeux à des fourmis
Ô vous, donnez-nous un peu de vin
Qu'on le boive avec les grands les purs
La rivière est désormais dans la chambre
Il faut ne pas faire de bruit et boire et seulement attendre
Venez ici enfants venez m'attendre
Sur ce quai d'une gare oubliée par les trains
Aucun enfant, sa main dans ma main, n'est venu
Et dans ma main c'est la main de l'enfant mort
Il continue d'aller par ses chemins faillibles
Sous la profondeur verte et les déchirements du vrai ciel
C'est fini. J'ai restitué les mots
Aux maîtres vénérés de la parole
Habillée déshabillée elle est semblable
A la fiancée visible
Habitée par la viduité lunaire
Vivant laurier entourant ses yeux courroucés de colombe
Et je lui dis : mon cœur ma transparente
Viens avec moi là-bas où l'olivier
Conserve avec pureté l'instant éternel de ma mort
La flamme est endormie dans le feu de la flamme
Comme un nuage enveloppant l'enfant
Au sein de la fraîcheur de ce bosquet laiteux
Près du puits où l'enfant sera jugé
Ses anges devant lui
Sont de terre et verdoyants de ce qu'il est
Ô lune immaculée comme un torchon perdu
Blanche éclairant chaise et jardin
Dans ce lieu lié par le fer
Où plusieurs se sont retrouvés pour saluer la foudre
Assise, belle, dans la majesté des jardins
La rivière étant remontée vers l'oubli
A cause de l'enfant qui n'est plus rien
Sinon à l'avancée de la montagne
Ce peu de sang sur la margelle
Pourquoi la rose et l'arbre et le chat et la rose
Et les statues de l'eau brûlantes dans l'esprit
Obscure est l'eau formée de transparence
Pour habiter nos corps d'hommes et de femmes
Pour habiter la rose et l'arbre, l'absolu
Le chat et ses enfances ?
La vie la vie avec son grand cri inaudible
Murmure avec amour le nuage et le sang
Ô arbre ô l'arbre debout ô !
L'échevelé parmi un millier de rivières
Nous attendons sous la grappe et tes pommes
Une arrivée première
Et dans la langue de la vie poreuse impure
Une femme d'été embarrassée de sang
brûlante et nue parmi ses choses roses molles
On l'entend qui annonce
La coupure et le feu, le lieu profond du père
Et aussi la poussière et l'infime, le banni, le désespéré
La nuit de la substance
De grands nuages nous ont recouverts de froid
Il y avait ce jardin comme une enfance
L'herbe fraîche et l'oubli
L'arbre que l'esprit brûle
Avec l'enfant qui fut l'enfant des pères
Enfant de tout silence
Endormi dans le réseau des racines
Et pourtant quelqu'un a pleuré quand l'enfant
Avec ses yeux de nuit ses cils de neige
Est parti hennissant comme un cheval terrible
Ici dans ce pays d'étoile fille
Où toute larme a le pouvoir du sang
Quelqu'un a-t-il parlé ?
Tranquillité anxieuse chez les violettes
J'annonce la folie l'étonnement
L'imbrûlé de la lune
Dont la lumière est blanche autour des cerisiers
Entourant la fillette illuminée
Fillette avec ses attributs de femme
Son front penché vers l'enfant mis à ses pieds
Celui qui rêve et parle
Et dans sa main le feu de deux cerises
Non, mon amour, je ne conterai pas d'histoire
Si dans mon cœur il y a le sang versé
La pureté et la compassion nocturne
Sont assises et elles se tiennent aux avant-bras
Face à face elles pleurent
Ô mon enfant leurs larmes sont devenues colombes
Souillant de leurs déjections le lit illustre
Où me voici couché à mon tour
Attendant l'arrivée des pluies très vaines
Et dans ma bouche en train de se former le dernier mot
Dans ce jardin il y a la brûlure et la fleur
A l'ombre de la main cherchant le banc de neige
Main aveugle et d'aveugle et pure de feu
Avec ses doigts de fruit limpide et tous ses doigts
Tenant le sein coupé
Qui est le soleil de ce ciel en lourde grappe
Et voici le singe velu de l'esprit
Libre dans ce jardin frappé de songe
Puis encore la brûlure
L'ange de la contradiction dormant dans l'herbe
Sous la simplicité des grands nuages
Traçant le pur chemin de l'aigle au-dessus
De ces roses mouillées
Millier de roses signées d'une signature
Agréée par les étrangetés de la mort
Le ciel comme un grand coup d'archet : la transparence
Est l'ombre du dieu clair de ces chemins
Volubilis nocturnes
Ils sont éparpillés dans l'univers
Partout et déchirés lambeaux du vent
Ô tigres de l'épée qui les attend
Chemins toutes ces traces
Le sable ensommeillé la nuit dormant
Dans ses dix bras la nuit comme une enfant
Il y avait le lieu pur de cette épée
Sur la gorge, à l'intérieur de la gorge,
Comme un noueux rosier noué de brume
Rosier enraciné dans ces poumons
Et la respiration de ces poumons
Sur tout cela qui est musique et sang
Qui est musique et sang
Musique et sang
Il y eut ce beau visage avec ses grands yeux noirs
Avec, dans le ciel rose, un aigle inespéré
Ce corps est-il brûlure ? Il est désert
Comme une rose éthique endormie dans ce corps
Et ses rivières déchirées, ce sang bu
Par rien par presque rien par la neige
Ce ventre impur avec la fleur de son nombril
Je parle de ce corps mon enfant mon église
Tous deux traversés par les arbres de l'esprit
Tes seins tranchés ô mon amour ton sang d'enfance
Couvrant tes jambes de femmes ô plantées mortes
L'herbe qui les habille est dressée de ciel bleu
Lune de ta maison son balcon de colombes
Dans le vent archaïque
Sous la lumière de l'esprit il y a des larmes
Qui ne tombent ô pauvres cils que dans la mort
Dilution de la brume avec la corne
Entre vos jambes les brillantes de sang
Le temps de ce matin est au feuillage
Et le mot de pauvreté notre soleil
Eclaire la glycine et son balcon ferreux
Qui tremble insaisissable
A cause du feu désirant couvrant le lac
Il y a peu de soleil il y a la nuit
Ses pigeons ses constellations ses eaux de neige
Tu es là tu es là dressée au seuil des choses
Ayant fermé le feu de ta paupière
Sur la lumière attachée à l'œil humide
La lampe de nous deux consumant l'ombre double
Et je te dis : par l'insomnie par l'incendie
Mêlant et remêlant mes bras aux tiens
Je te dis dans ma langue :
La Terre est mon amour la Terre est ta maison
L'étrangeté de l'air, la beauté de la nuit
Dorment ensemble dans le lit de leurs feuilles
Et sur la ville un dernier vol de colombes
Dit adieu à la grâce adieu adieu
Puis il s'en va pareil à un losange
Vers la place illuminée de chiens
Qui sont, chiens, dévorés par les colombes
Et je m'en vais aussi très seul si vieux poète
accompagnant pour la protéger mon ombre
Avec dans ma tête un millier d'incendies
Et ce fleuve, ce fleuve aussi qui m'accompagne
Eloignant de moi le feu, creusant la route
Vers les colombes, les mangeuses de grains
A la fillette à la bleue à l'ouvragée
A la déchirée par l'épée physiologique
Je dis les grands oiseaux de son visage
Comme statues brutales de l'île de l'être
Et je lui dis : ô mon amour tu n'as qu'à souffler un peu
Sur la lampe et sur la vapeur des liserons
Pour que le miroir de ton sein s'ouvre
Que ta maison reprenne au ciel son compte de nuages
Et que tu sois selon ton désir la plus seule
Moi je chemine avec le soleil rouge
J'ai appris l'alphabet
Des oiseaux sont venus se poser sur ma langue rêche
Pour y manger mon blé
Ils sont partis mon âme s'est endormie
Homme gras comme un scribe
Ma poésie est déjà tombée dans l'automne
Déjà l'été s'avance avec des larmes
Quand j'aurai laissé mes ultimes lunettes
Sur le bois de table tremblée
Un dernier mot jusqu'ici resté fidèle
Comme un fils dépossédé par l'antiquité du monde
S'en ira
Fermant la dernière porte
Et voici la fin du chemin, les roseraies
Dans la lumière illuminée pure et grande
L'absolue la terrible
Puis c'est la neige et c'est la neige et c'est
La neige et le versant de toute nuit
Autour de l'arbre et de sa pensée d'arbre
Eclairant la transparence de l'eau verte
Les violons s'étant retirés dans l'esprit
Attendant l'heure où ils se réveilleront
Apeurés entre des mains douces qui tremblent
Caressantes et qui par l'or seront saisies
Il pleut ô mon amour sur tes paupières
Et dans ton sein tu es enceinte de l'esprit
Avec lui, et lui seul, tu dors sous les pommiers
Dans le silence blanc de ton mariage
Le simple est simple ô mon amour et c'est la mort
La nuit de la figure
Avec les étoiles brûlées tenues par leur crinière
Comme des lions décapités

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SALAH STETIE

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Eugene_de_Blaas__1843_1931_

Oeuvre Eugène de Blaas

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