TU N'EMPORTERAS RIEN AVEC TOI
Homme qui que tu sois
Tu n'emporteras rien
Avec toi
Tel un fleuve devenu craintif
La vie s'en va vers son destin
La nuit est peuplée de bougies
Le vent n'est plus qu'un clandestin
Le soleil ne sait pas
Le soleil ne sait pas
Que la nuit
Que la nuit
Va répondre
Va répondre...
Mais les peintres
Les musiciens
Les poètes
Ont des réponses de soleil
Soudain libéré, je m'élevais
Je m'élevais hors du vivant et du réel
Dans les étangs martyrisés du ciel
L'ascension tourbillonnante
Parmi les damnés de la vie
Dare dare vers les étoiles...
Je montais montais montais
Sous moi la terre chavirait
Enlisée dans sa solitude
Je revivais l'absolu des imperfections
Qui nous conduit à n'être plus que des esclaves
Mais mon visage de chair était encore vivant!
Je n'étais plus rien que moi-même
Face à cette vérité qui me torture:
Je souffre en ma santé des maladies humaines
Du refus d'un miracle sous le toit de mes mains
De n'être en ce bourbier que peine entre les peines
Que ne puis-je renaître à l'aube
Tel un soleil qui se souvient
De s'être enfoncé dans la nuit.
PIERRE BEARN
Oeuvre Sergueï Toutounov