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EMMILA GITANA
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23 janvier 2012

L'AURORE DE NEW-YORK

L’aurore de New-York

a quatre colonnes de fange

et un ouragan de noires colombes

qui barbotent dans les eaux pourries.

.

L’aurore de New-York gémit

sur les escaliers sans fin,

cherchant parmi les arêtes vives

le jasmin d’une angoisse dessinée.

.

L’aurore vient et nul ne la prend dans sa bouche

parce qu’ici il n’y a ni espoir ni lendemain possible.

Parfois les pièces de monnaie en essaims furieux

transpercent et dévorent des enfants abandonnés.

.

Ceux qui sortent les premiers comprennent dans leurs os

qu’il n’y aura ni paradis ni amours effeuillées,

qu’ils s’en vont dans la fange des chiffres et des lois,

vers des jeux privés d’art, vers des sueurs sans fruit.

.

Le jour est englouti sous les bruits et les chaines

en défi impudique de science sans racines.

Dans les faubourgs, des gens titubent d’insomnie

comme s’ils émergeaient d’un naufrage de sang.

.

FEDERICO GARCIA LORCA

.

129129

Oeuvre Wilfred

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