ENLUMINURES...Extrait
(...)
ll y a des jardins qui n'ont plus de pays
Et qui sont seuls avec l'eau
Des colombes les traversent bleues et sans nids
Mais la lune est un cristal de bonheur
Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair.
Je me dériderai dans un jardin de pomme
Dans cette eau de la campagne
Aux pas immaculés
Et pour toi amie des saules de la mort
Les colombes qui volent sans air
L’absence plus longue que les années
(...)
Nous irons un jour enfants de la terre
Avec nos mouchoirs vermeils
Envoler l’oiseau des mains de la pierre
Aux pays de l’ombre cette brouette triste
Dans une vallée de roses réduite mais violente
A travers les adieux du soleil
Nous verrons la nuit et le jour se défendre
Puis la lune comme une plaine sur la mer
Ainsi nous allons à la découverte du ciel
Avec l’ombre cette brouette triste
Multipliant nos fagots dans la vie froide des nuages
Comme ceux qui dorment dans la terre éternelle
(...)
Nous reviendrons corps de cendre ou rosiers
Avec l’oeil cet animal charmant
Ô colombe
Près des puits de bronze où de lointains
Soleils sont couchés
Puis nous reprendrons notre courbe et nos pas
Sous les fontaines sans eau de la lune
Ô colombe
Là où les grandes solitudes mangent la pierre
Les nuits et les jours perdent leurs ombres
par milliers
Le Temps est innocent des choses
Ô colombe
Tout passe comme si j’étais l’oiseau immobile.
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GEORGES SCHEHADE
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Oeuvre Marc Chagall