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EMMILA GITANA
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10 mai 2012

A LA VITESSE DU COEUR

 

à ma mère

Tu as laissé
des milliers de soleils
se faner
et tes pas de solitaire
se creuser par indifférence.

A la source
trop de chemins ouverts
trop d'extrêmes
et l'égarement déjà.
A la source
une question te taraudait :
Comment vivre ?

Rupture avec l'insensible
le lisse     le brillant
les racines
rupture pour mieux saisir
t'accrocher
pour mieux t'arrimer à la vie.

Tu enviais le fluide
le souple
le vivant sous tes doigts
tu voulais la sensation
l'épreuve de la sensation.

Lente maturation
trop lente peut-être
et puis le jaillissement
l'éruption inopinée
te plongeant dans le mutisme.

Las d'attendre
le rebelle en toi
aurait voulu se saborder.
Las d'attendre…

Toi     passante
étrangère    parmi les tiens
tu voulais marcher comme on danse
fildefériste fantasque
narguant l'équilibre.

Tu voulais tenir la note
la plus haute
la plus longue
la plus proche du néant.
Tu voulais l'absolu.
Rouille insidieuse
corrodante
jours éteints
temps morts
vie absente
ou trop pesante…

En vagues irrégulières
le silence revenait
inondait tes rêves et repartait.
Toi
tu t'enlisais
tu t'ankylosais
tu te débattais parfois
malgré tout     malgré toi.

Comment dire tes déchirures
ton aveuglement
comment dire la vie qui s'échappait
qui t'échappait
alors que tu t'en croyais
le centre ?

Moi       seule dans mon silence
perdue dans le vide mes mains
tombées
moi que tu ne vois plus…
Moi       seule dans l'impuissance
j'écoute figée     pétrifiée
et dans mes veines coule
ton sang
glacé.

Tu voulais une vie
une autre vie
la Vraie…

.

.

.

AGNES SCHNELL

.

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PACHE_K

Photographie Philippe Pache

 

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