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EMMILA GITANA
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16 juin 2012

A PRIX D'OMBRE

Loin des autres, il se trouble. La solitude l'effraie, elle lui apprend qu'un homme n'est jamais seul. Il se salit dans un duel sans adversaire dont la fatigue corrompt les traits qu'on lui voit. Sueur et souillures, il a le goût du mal qu'il fait et n'a même pas le mal dans le sang.

On l'a rencontré nu-tête, couvert de sciures et de salives, il courait en hésitant, les yeux vides. Personne ne reconnaît les chemins où il s'est perdu. Il veut être partout à la fois comme pour y devancer quelque espérance. Vêtu à tâtons dans sa hâte de gagner la rue avant l'aube ; il ne voit pas plus le jour que s'il en était la chute. Avec la fureur d'exister, il ne craint rien autant que d'apparaître.

Il fuit la lumière parce que la lumière lui ressemble ; et, lui-même, il est né de cette ressemblance. Pourquoi se masquerait-il, à tout ce qui s'enfonce, ce lutteur est lié par la haine de ce qui grandit. A peine seul, il sent une menace ; il se cherche, ne se trouve personne. Il retrouve sa vie et elle se passe de lui. S'il veut courir son existence lui fait obstacle.

Marche, on dirait qu'il va faire beau. Rivage ou rocher, lave du flot ou la pierre à ton cou, même un baiser des mers, tout ce qui prend une forme se pénètre d'un devoir. Tu as craint l'eau dont on n'apercevait pas le fond et les endroits où le jour s'était noyé pour te donner tes jours.

Pleure, pleure ta nuit blanche de larmes, tu portes ton mal sur le visage et le matin que tu déchires est entré dans ton cœur.

Pleure, forme qui brille sur l'ombre humaine que tu es, tes yeux pleurent une autre clarté de qui ton visage et ton corps promènent l'ombre tremblante.

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JOË BOUSQUET

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PH

Photographie Philippe Pache

 


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