ARTAUD
Nous sommes quelques uns à cette époque à avoir voulu attenter aux choses, créer en nous des espaces à la vie, des espaces qui n’étaient pas et ne semblaient pas devoir trouver place dans l’espace.
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Moi poète j’entends des voix qui ne sont plus du monde des idées.
Car là où je suis il n’y a plus à penser.
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Et je n’ai jamais écrit que pour dire que je n’avais jamais rien fait, ne pouvais rien faire, et que faisant quelque chose je ne faisais rien. Toute mon oeuvre a été bâtie et ne pourra l’être que sur ce néant, sur ce carnage, cette mêlée de feux éteints, de cristaux et de tueries, on ne fait rien, on ne dit rien, mais on souffre, on désespère et on se bat, oui je crois qu’en réalité on se bat.
appréciera-t-on, jugera-t-on, justifiera-t-on le combat ? non
le dénommera-t-on ? non plus
nommer la bataille c’est tuer le néant, peut-être. Mais surtout arrêter la vie
on n’arrêtera jamais la vie
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ANTONIN ARTAUD
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Antonin Artaud