DOUZIEME POESIE VERTICALE...Extrait
Périodiquement,
il faut faire l'appel des choses,
vérifier une lois de plus leur présence.
Il faut savoir si les arbres sont encore là,
si les oiseaux et les fleurs
poursuivent leur invraisemblable tournoi,
si les clartés cachées
continuent de pourvoir la racine de la lumière,
si les voisins de l'homme
se souviennent encore de l'homme,
si dieu a cédé
son espace à un remplaçant,
si ton nom est ton nom ou déjà le mien,
si l'homme a terminé son apprentissage
de se voir de l'extérieur.
Et en faisant l'appel
il s'agit de ne pas se tromper : aucune chose ne peut en nommer une autre.
Rien ne doit remplacer ce qui est absent.
(….)
ils parlent tous
de ce qu'ils ont trouvé en chemin.
Certains parlent aussi
de ce qu'ils n'ont pas trouvé.
Et quelques-uns se réfèrent
à ce qu'il est impossible de trouver.
Mais il y en a qui parlent d'une rencontre
qui surgit comme d'une embuscade entre les mains,
comme une hirondelle qui ne fit jamais partie
d'aucune volée,
comme un geste secret qui recueille
la compassion qui manque lors des rencontres.
Toute rencontre se crée
comme l'eau devant la soif.
Le reste est un mirage
qui n'arrive même pas
à déconcerter le désert.
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ROBERTO JUARROZ
traduction de l'espagnol Fernand Verhesen
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