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EMMILA GITANA
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1 septembre 2012

L'ECRITURE DU DESASTRE...Extrait

Plus de dates. Le temps reculera. C’est à mon cœur de sonner les heures de ma vie. A minuit, un bruit de porte m’arrache à mon mauvais sommeil de fiévreux. Devant quelques amis je reprends difficilement l’usage de mes sens. Mes yeux me pèsent. La gorge serrée, je regarde ces jeunes femmes, ce gros journaliste luisant comme un obus, un grand garçon qui les accompagne et qui paraît à la fois délicat et violent. Quelque part, très loin de moi, les choses de la vie s’agitent ; et elles me semblent me concerner d’autant plus qu’elles sont plus indistinctes et plus perdues. Sous un ciel pluvieux, des hommes noirs élèvent un monticule de charbon ; et les regarder poursuivre ce travail, c’est une façon de penser à moi. Je suis dans la nuit, inerte ; et toute ma vie, c’est de percevoir que cette nuit, par un mouvement insensible, s’illimite. Ma tristesse se nourrit de tout ; et je n’en ai pas connu de plus douce…

Ecoute ! écoute avec la peur de trop entendre. Les paroles dites ici ne sont jamais qu’un écho. Il y passe le désespoir d’un cœur réduit au silence. Toi qui voulais y voir, ramènes à toi ta main ! Sur ta bouche, une voix : « Comme il fait bon dans le noir ! »

D’autres mots que les tiens, c’est la voix de ta voix… Le temps ne t’a pas vu, hâte-toi de parler. Ton amour et pas toi, ta mémoire sans tes souvenirs, et le silence en toi quand les pas ne se contraignent plus. Ô peur ! La peur de tout !

Le jour est un gémissement. Si triste, il naît sans doute sur les lèvres des moribonds. Et moi je connais la peine de ceux qui vont mourir. Ecoute, je te confierai mes plus chers secrets, les impressions que l’on cache en attendant d’aborder la mort pour la deuxième fois. Le jour trop lent à se lever alors que tous les hommes ont des souliers de fer… Pour continuer à vivre, tous les prétextes me sont bons. Me faudra-t-il toujours plus d’une raison pour mourir ?

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JOË BOUSQUET

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roger parry 2

Photographie Roger Parry

 

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