Elle regarde le monde
de ce regard lointain
qu'ont ces pâles créatures sauvages
que nous avons failli connaître;
les bras croisés,
une manche arrachée,
des poignets résignés...
Les tresses de ses cheveux sables
s'amoncellent sur ses épaules,
innocentes comme le gazouillis d'une rivière
cachée dans nos enfances vertes.
Elle a la peau si pure,
comme l'avait Schumann,
malgré sa maladie.
Elle proteste, proteste...
Ses yeux noirs pleurent
sans larmes
clairement parlent
sans mots...
Il a fait chacun de nous
de nouveau comme cela:
le vert derrière nos enfances de fillettes,
des souvenirs de bois, de terre...
C'est avant l'aube
ou bien très tôt dans la soirée.
Les oiseaux dorment.
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SUSANNE DUBROFF
Traduction Raymond Farina
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Oeuvre Pablo Picasso