CE QUE J'ETANCHE
Je m’habitue aux mouvances
Du voyage et
N’entends plus rien que le souffle de la monture
Et puis ce que je vois
Je vois un peuple cendré
D’irrévérence
Dans la plaie uni
Trente mille morts ici
Et la marche pèlerine
Se lève et le torrent, ailleurs
Je vois l’onde morne et symétrique
Les déchirements d’Abraham puis
Les terrassiers
Fouettant les bandes
L’enchaînement des faits
Se lève et le torrent, ailleurs
L’étincelle du peuple
S’enfle et dore à la noce
De clairs de lunes d’éclipses
S’épousant
Il a suffit
D’un couvercle cupide
De l’averse qui noie
Et du feu de quel dieu
Et puis ce que j’étanche
Qui a le visage de toutes les pensées __
Sur les boucles blondes de la lumière peine je peins __
Tu scrutes avec curiosité ce qui semble être nous
Ta bouche parle toutes les langues mortes et les
Vivantes, audibles enfin irréelles
Que savons-nous du temps où tu es née
De ce que tu cherches dans la rivière d’un sang
Où se coagulent nos autoportraits inachevés
Toi l’Intime es-tu convaincu de
Cette chevauchée où s’affole le galop de
Quelle peur où le masque tire sur les rênes les haines
Où l’Homme s’effiloche dans
Quelle rouge arène
N’appartiens-tu pas Une à toutes les possibilités
N’étanche ton regard à seule ce que je suis
Abreuve où je puise
Toutes les haltes
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MARTINE CROS
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Oeuvre Fatima el Hajj