CAMBRIOLAGE D'ILLUSIONS
« Et je vis quelque part au cœur de la nuit
Resplendir
Une pharmacie de garde
Monsieur, donnez-moi un somnifère,
que dorme un peu le désert dehors
Et le temps que se déplace de sa somnolence
le pharmacien, j'admirais
l'égalité des douleurs sur les rayons
incurables et guérissables, toutes
dans des petites boîtes joyeuses aux couleurs vives.
Et soudain, je t'ai reconnue. À l'isolement.
En haut ; là où seul l'œil de la peur accède.
Image de mort sur l'étiquette d'un flacon de poison.
Méconnaissable, dénudée, mortelle, ta figure.
Tes bras croisés, image d'effroi
à l'endroit innocent
où rêvait naguère ta gorge insouciante.
Monsieur, ai-je crié
bousculant les douleurs des rayons,
quelles erreurs détestables, comment pouvez-vous
fournir aux morts de nouvelles doses
de poison sans autre ordonnance
ni volonté divine ? Comment osez-vous,
pour vendre efficacement vos produits de mort,
démantibuler des formes que nous nous évertuons
à maintenir entières efficacement
dans des flacons d'illusion scellée ?
Rendez-moi tout de suite l'original.
Je vous crois, dit le pharmacien, mais
après avoir quitté la caisse
aucune erreur n'est reconnue.»
.
KIKI DIMOULA
.