LA RIVIERE
La rivière court
court et coule
le long de tes nerfs à vif
tes yeux pleurent
aux saules qui s’étouffent
elle s’en fout la rivière
elle s’en fout et elle coule
tu veux t’approcher
interroger ton reflet
bleu comme un narcisse
elle s’en fout la rivière
elle s’en fout et elle coule
là haut si loin
son cœur trop plein déborde
des entrailles de la Terre
alors tu pisses ou tu pleures
tu meurs ou tu ris
tu vaches ou tu plastiques
tu rouilles ferraille
ou tu roucoules à l’anglaise
dans un camping à quatre épingles
elle s’en fout la rivière
claire ou marron
ou rouge comme pont qui passe
son cœur déborde
de la source là-haut
que la Terre a crachée
dans son trop plein d’amour
elle s’en fout la rivière
de ton humeur barrage
ou atome ou gué
de ton humeur noyé
pêcheur ou bulle d’eau
elle coule
coule son chant
et dans la maille de ses silences
elle trame le temps.
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ORIANE PEIGNELIN
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